Les prix de la nourriture augmentent, le Guyana se lance dans l’autosuffisance alimentaire

Au Guyana, les leaders de 8 pays caribéens ont participé au Forum d'Investissement dans l'agriculture. Gauche à droite: Gaston Browne, d'Antigua et Barbuda, Mia Mottley de Barbade, Roosevelt Skerrit de la Dominique, Carla Barnett, secrétaire-générale de la CARICOM, Irfaan Ali du Guyana, Johnny Briceno de Belize, Keith Rowley de Trinidad et Tobago, Isaac Cooper des Bahamas, Joseph Farrell de Montserrat.
La guerre en Ukraine et le changement climatique ont contribué à la flambée des prix des denrées alimentaires. Du 19 au 22 mai 2022, le Forum d’Investissement dans l’Agriculture se tenait au Guyana. Les délégations de plusieurs pays membres de la Communauté Caribéenne, la CARICOM, étaient présentes. Le président Guyanien, Irfaan Ali, a annoncé que l’autosuffisance alimentaire de son pays est une priorité.

Au Guyana, les recherches agricoles se penchent sur la culture du blé. Vingt variétés de cette céréale sont à l’étude dans les centres de recherches agricoles du pays. La production intensive du maïs est aussi une priorité.

Pour le Guyana, il y a urgence. 30% du blé cultivé dans le monde, est planté en Russie et en Ukraine. La conséquence de la guerre entre ces 2 pays c’est l’augmentation inexorable du prix de ce produit essentiel.  

Pendant 3 jours, le président du Guyana a accueilli les leaders des pays de la Caraïbe au forum d’investissement dans l’agriculture.

Ils ont pu rencontrer les agriculteurs, les agro-processeurs, et les investisseurs afin de restructurer le secteur agricole dans leurs pays respectifs.

La nourriture, issue d’importation, est excessivement chère

Aux Bahamas, on dépense près d'1 milliard d'euros par an pour l’importation des denrées alimentaires. Le secteur agricole ne représente que 1% du PIB. La sécurité alimentaire est un souci.

À Montserrat, un territoire britannique avec seulement 5000 habitants, 75% de la viande de poulet est importé et 85% de la nourriture consommée sur place vient d’ailleurs.

C’est franchement honteux.

Joseph Farrell, ministre de Montserrat

Pour sa part, le Guyana importe 30 millions d'euros de produits alimentaires chaque année. Avec une superficie de 214.970 km² , seulement 8% des terres est cultivé.

Le président Guyanien invite les pays membres de la CARICOM à participer à son initiative

D'ici à 2025, le président du Guyana veut réduire de 25% la facture d’importation de produits alimentaires de la région qui s'élève actuellement à 6 milliards d'euros dollars.  

Les investissements dans le soja, l’aquaculture, l’élevage et la production des engrais sont tous à l’étude. Le Guyana veut pouvoir exporter ses productions aux pays voisins dans la Caraïbe. 

Stratégie cohérente  

Les taxes douanières appliquées aux produits alimentaires cultivés dans la région de la CARICOM doivent être supprimées.  

On a la responsabilité de changer nos pratiques. Si on n’enlève pas les obstacles au commerce, je ne sais pas comment ce plan pour augmenter la production agricole va réussir.

Mia Mottley, Premier ministre de Barbade

Le président du Guyana, Irfaan Ali avec les homologues caribéens sur le terrain au Forum International d'Agriculture.

Roosevelt Skerrit, Premier ministre de la Dominique constate que c’est plus facile pour ses agriculteurs d’exporter les avocats et le gingembre vers l'Europe et l'Amérique du Nord que dans les pays de la Caraïbe.

La libre circulation des ouvriers agricoles dans la région devrait être autorisée. Chaque année des milliers de saisonniers quittent la Caraïbe pour travailler au Canada mais ils ne peuvent pas faire la même chose dans la région.

L'agriculture, l’ancien pilier des économies de la région, a été abandonnée après l’effondrement du marché international du sucre et de la banane. Le tourisme est devenu l’investissement privilégié.

Aujourd’hui, la nourriture coûte cher, la Caraïbe est dans l’obligation de redémarrer le secteur agricole, trop longtemps marginalisé, pour nourrir ses populations.