Depuis maintenant 4 ans, les riverains du Chemin Tamaya se plaignent des nuisances engendrées par un trafic intense de véhicules aux abords de leurs habitations. Cette voie qui dessert leur lotissement, est devenue un itinéraire de délestage, depuis l'éboulement de la route du Vieux Chemin, située derrière le centre commercial d'Acajou et parallèle à l'autoroute.
La CACEM (Communauté d'Agglomérations du Centre de Martinique), alertée par les riverains, s'est proposée de réparer la portion effondrée, mais elle se heurte au refus du promoteur immobilier SCCV Acajou Vallée et des assurances. Ces sociétés demandent que l'intervention de la CACEM soit mieux cadrée juridiquement.
7 avocats à la barre
L'audience s'est déroulée dans la petite salle C du tribunal, où les deux parties étaient face à face : d'un côté, les avocats de la CACEM et de la ville du Lamentin, et de l'autre, ceux du promoteur immobilier, du maître d'œuvre de la construction, des conseils du bureau d'études et des assurances qui couvrent le chantier.
La Cacem prête à accomplir les travaux
Maître Calixte, représentant la CACEM, a exposé les faits relatifs à quatre années de procédures judiciaires subies par les riverains. "15 000 véhicules par jour circulent au plus près de leur domicile sur le Chemin de Tamaya, qui n'est pas prévu pour cela", a-t-il souligné. La CACEM n'accepte pas que la population soit prise en otage et se propose d'engager des travaux immédiatement, les comptes seront faits plus tard".
L'avocate a insisté sur l'urgence d'intervenir, compte tenu des aléas climatiques et du préjudice subi par les riverains. Maître Privat, représentante de la ville du Lamentin, abonde dans le même sens et souligne "l'importance de mettre au cœur de la procédure le préjudice subi par les riverains et les entreprises du Lamentin".
Pas de "blanc-seing" pour la Cacem
Face à cela, les avocats du promoteur, des assurances du chantier et du bureau d'études s'interrogent sur le coût que l'intervention de la CACEM va engendrer pour la construction. Ils considèrent qu'il n'est pas acceptable de donner "un blanc-seing" à la Communauté d'Agglomération. Ils contestent le montant de 5 millions d'euros prévu pour les réparations de la route et les procédures techniques pour les réaliser. Selon eux, ils seront tenus de rendre des comptes et "dépasseront largement les coûts estimés par la CACEM". Pour eux, "il n'y a pas péril en la demeure". "Une expertise judiciaire pour évaluer le coût de la réparation de la route et les moyens techniques nécessaires est indispensable". Cette expertise, selon eux, permettra d'établir un devis, dont le montant sera partagé.
Délibéré le 15 Mars
Après trois heures de plaidoirie, la juge en charge du dossier annoncera son verdict le 15 mars. L'aspect technique du dossier dépasse le cadre juridique, nécessitant une analyse approfondie des conclusions des deux parties avant de décider de la suite des procédures. Pour les riverains, cette attente représente un revers, car ils jugent inadmissible que les responsables de leur situation remettent en question l'expertise et la compétence de la CACEM. Ils perçoivent cette demande comme cynique, ignorant leur souffrance. Ils sont conscients qu'une nouvelle expertise prolongerait la procédure, même si Maître Calixte espère "qu'elle ne dépassera pas six mois".
Le promoteur des travaux se dit prêt à reprendre la construction pour soulager les riverains, ajoutant qu'il doit rendre des comptes à "400 entreprises" depuis l'interruption de son projet.
Ces éléments seront pris en considération par la juge lors de son verdict, attendu avec impatience et appréhension par les riverains du Chemin Tamaya.