Voilà maintenant un an que le collectif des ouvrières et ouvriers agricoles empoisonnés par les pesticides est sur le terrain. Sa grande enquête a livré ses premiers résultats avec un bilan alarmant. D'innombrables maladies graves et des injustices qui se répètent. Le chantier est vaste.
Des pathologies presque cachées derrière les murs de chaque foyer. Difficile de recueillir les témoignages tant la douleur est vive et la peur omniprésente. Peur des représailles, même pour les ouvriers à la retraite.
Le travail du collectif, suscite un espoir pour Clothilde et bien d'autres
Clothilde habite Bochette depuis les années 70. La banane, est le paysage quotidien de Clothilde et son mari Pierre, qui lui est né à Bochette. Pourtant cela faisait bien longtemps qu'ils ne s'étaient pas rendus dans un champ de bananes.
Ça me rappelle de mauvais souvenirs"
Clothilde, ouvrière agricole polyvalente à la retraite
Ce sont ces témoignages que le collectif recueille avec précision depuis un an maintenant. Des données qui constituent une sorte d'étude "observationnelle". Sauf qu'elle n'est pas menée par des scientifiques mais par des citoyens, des bénévoles encadrés par des médecins ou avocats...
Ils ont ainsi auditionné plus de 200 ouvriers agricoles, touchant ainsi près de 700 de ces travailleurs de la terre et de leurs ayants droit sur la seule Martinique.
L'enquête et ses premiers résultats sont sans équivoque
Pour bien appréhender les enjeux en cours dans ce dossier de la situation sanitaire et économiques des ouvriers agricoles de Martinique, c'est au quartier Ressource au Lamentin que le collectif nous donne rendez-vous.
Ici, les conditions de vie sont difficilement compréhensibles au XXIe siècle. Pas de raccordement aux réseaux d'eau potable et d'électricité et des pathologies graves qui touchent au moins 90% des travailleurs de la banane, de la canne et de l'ananas après avoir décimé les anciens.
Pour Patricia Moutenda, responsable de l'enquête du collectif, la situation est grave.
Interview
Cet état des lieux, tiré des nombreux témoignages d'ouvriers agricoles, a donné lieu à un document complet édité par le collectif.
Une mine d'informations pour les professionnels de santé engagés dans ce combat.
interview
Cette solidarité du corps médical représente l'unique moyen de faire pression sur les autorités compétentes (CGSS (Caisse Générale de Sécurité Sociale), ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), afin que le cancer de la prostate, pour ne citer que cette maladie, soit enfin reconnue comme une maladie professionnelle liée aux pesticides.
Maladies professionnelles liées à l'usage des pesticides
L'appel aux médecins à faire bloc pour des demandes de reconnaissance de maladies professionnelles liées aux pesticides, est le fruit d'années d'investigations, d'analyse des textes pour comprendre ce qui n'avance pas.
Mais hier (mardi 8 décembre 2020) le docteur Jean-Michel Macni a rempli le premier formulaire de déclaration d'un cancer de la prostate en maladie professionnelle.
Des démarches parallèles en faveur des ouvriers agricoles
Le collectif des ouvrières et ouvriers agricoles empoisonnés travaille également sur cette reconnaissance des maladies professionnelles liées aux pesticides. Il est en pourparlers avec l'ANSES concernant le cancer de la prostate qui pourrait bien être classé parmi les fameuses maladies professionnelles agricoles liées aux produits phytosanitaires. La réponse est attendue pour le mois début 2021.