"Libérer les dernières colonies françaises", le credo des organisations indépendantistes de Martinique

Le Palima, le Modémas et le PKLS réunis à la maison des syndicats à Fort-de-France pour parler indépendance (jeudi 1er août 2024).
Le Palima, le Modémas et le PKLS se sont réunis jeudi 1er août 2024 à la maison des syndicats de Fort-de-France, pour formaliser à l’échelon local l’idée d’un "front international de libération des dernières colonies françaises". Cette initiative est née en Azerbaïdjan lors d’un congrès les 17 et 18 juillet derniers, entre plusieurs représentants patriotiques dont ceux d’Outre-Mer, qui prônent l’indépendance vis-à-vis de la France.

Cette rencontre des 3 organisations patriotiques de Martinique en lutte pour l’indépendance de l’île, fait suite à une réunion organisée les 17 et 18 juillet 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan. Lors de ce rassemblement, près de 20 partis politiques et mouvements indépendantistes ont acté la création de ce qu’ils appellent le "front international de libération des dernières colonies françaises".

Le Palima, le Modémas et le PKLS se sont donc réunis à Fort-de-France jeudi 1er août 2024 à la maison des syndicats, pour entériner localement cette décision.

[En Azerbaïdjan], il s’agissait d’une réunion préparatoire, où durant deux jours, nous avons discuté de la manière dont nous ferons avancer collectivement cette initiative. À l’issue du congrès, nous avons signé une "déclaration finale" comportant les différentes étapes à venir.

Muriel Daniel, du Modémas

(au micro de Mike Irasque)

Comment interpréter cette présence à Bakou ?

Quel est le sens politique de cette réunion en Azerbaïdjan, orchestrée par le Groupe d’Initiative de Bakou (BIG) s’interrogent d’autres courants attachés à la République française ? Le choix du lieu de ce congrès a été d’autant plus surprenant, quand on sait la relation dégradée entre la France et ce pays (limitrophe notamment avec la Russie, l’Iran... et l’Arménie).

Mais les séparatistes ont assumé le fait de se rendre dans cette ancienne République soviétique dirigée par le président Ilham Aliev (réélu en février dernier), qualifié d'"autocrate" par plusieurs observateurs et médias français, dont le journal Libération ou Le Figaro

Fort de sa victoire miliaire au Haut-Karabakh en septembre, le Président Ilham Aliev a été réélu mercredi 7 février [2024] avec plus de 90 % des suffrages au terme d’un scrutin anticipé et sans opposition tangible, sur fond d’une répression toujours plus stricte des libertés civiles et des médias (…). L’Azerbaïdjan est pointée du doigt par les ONG pour sa répression de l’opposition et des médias, sa torture dans les prisons et ses arrestations arbitraires – des accusations rejetées par les autorités.

libération.fr

(7 février 2024)

Plus de 20 ans de règne

Les dictateurs ont ceci qu’on ne peut pas leur reprocher : ils disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent. À la tête de l’Azerbaïdjan depuis vingt ans au gré d’élections n’ayant de démocratiques que le nom (presse bâillonnée, propagande quotidienne à l’école, dans les administrations et les médias, opposants emprisonnés, exilés ou morts, etc.), Ilham Aliev avait promis de venger son père, Heydar Aliev, maître local du KGB puis du Parti communiste entre 1967 et 1987, et président de l’Azerbaïdjan post-soviétique.

figaro.fr

(02 février 2024)

L’opinion se souvient également de la répression menée par le régime de l'Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh en septembre 2023. "Soutenu par la Turquie d'Erdogan, l’Azerbaïdjan a lancé un assaut militaire, après un blocus de plusieurs mois, conduisant à la capitulation des séparatistes arméniens qui ont dû fuir vers l'Arménie" rappelle la chaîne arte.tv

Aveuglement idéologique ou mauvaises fréquentations ?

Visiblement, les indépendantistes martiniquais n’ont cure du comportement de leur pays hôte érigé en modèle, pourvu qu’ils fassent avancer leur propre cause.

Tant qu’il y aura des pays, quel que soit leur statut, qui sont d’accord pour soutenir la cause indépendantiste, nous ferons route avec eux, mais nous savons que c’est nous qui décidons de ce qu’on doit faire pour notre peuple et le devenir de notre pays. C’est une règle claire que nous avons arrêtée avec tous les autres.

Alex Granville, membre du PKLS

(au micro de Mike Irasque)

Azerbaïdjan : "une dictature qui ne dit pas son nom" (rfi.fr le 8/2/2024)

Chaque année, l’ONG (Organisation Non Gouvernementale) Amnesty International publie "un rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde". En 2023, pas moins de 155 pays ont été enquêtées, dont l’Azerbaïdjan.

La répression de la liberté d’expression s’est encore intensifiée. Des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains et des militant·e·s ont été arrêtés à titre de représailles pour leur travail. Des manifestations pacifiques ont été réprimées. Des restrictions injustifiées ont été imposées à la presse et aux organisations indépendantes. Les femmes et les filles étaient toujours en butte au harcèlement et à la violence liés au genre.

Extrait du rapport 2023 d’Amnesty International

POUR ALLER PLUS LOIN > À lire, le rapport intégral de l’ONG Amnesty International.