À la fois précis et touchant, il nous emmène à la découverte de personnages comme Laeticia, l'infirmière libérale, Hector, le diabétique retraité qui veut mourir dans son lit ou encore Liliane, la résidente d'un Ehpad privé (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes).
Mais les histoires sont tristes car le sujet est grave. Et la poésie des images et du commentaire permettent d'aborder avec justesse une réalité inquiétante.
L'indiscrète caméra de Vianney Sotès saisit l'intimité de la dépendance sans pour autant être voyeuse. Appuyée par le commentaire, elle dépeint une vérité bien triste. 95% de nos aînés vivent avec moins que le SMIC, un quart vit avec le minimum vieillesse (868 euros par mois en 2019).Les personnes âgées sont abandonnées ici.
(Un médecin coordinateur d'un Ehpad public du Saint-Esprit).
Cette phrase du fils de Josiane, veuve, enseignante à la retraite, résume à elle seule le souhait de bien des aînés.
Le jour où tu auras une perte d'autonomie, tu viendras avec moi !
Mais dans la Martinique d'aujourd'hui, rares sont les enfants qui prennent en charge leurs aînés.
C'est la sagesse de Jules, résident d'un Ehpad privé qui va dédramatiser la vie dans ce type de structure tout en nous emmenant à la découverte du personnel soignant qui l'entoure quotidiennement.
Elsy la jeune infirmière en Ehpad qui prouve, s'il en était besoin, la tendresse et l'affection qui peuvent entourer sa relation avec les résidents.
Karly, l'aide-soignante fait figure de modèle pour ce qui est de la proximité. Mais nous sommes dans un Ehpad privé.
Le problème est migratoire !
(Nadia Chonville, sociologue)
La solitude est bien plus souvent présente dans le quotidien de nos aînés. 64% d'entre eux vivent seuls. Et pendant ce temps les jeunes s'en vont !
La sociologue Nadia Chonville, explique alors comment parler de "vieillissement" de la société martiniquaise. "Le problème est migratoire !" dit-elle.
Images d'archive à l'appui nous voilà partis sur le BUMIDOM (BUreau pour le développement des MIgrations dans les Départements d'Outre-Mer), puis L'ADOM (l'Agence De l'Outre-mer pour la Mobilité). Le constat est cinglant. C'est une "saignée démographique chez les moins de 25 ans".
Tout y est... sauf peut-être le politique. Un choix du diffuseur qui n'enlève rien à l'importance du propos. Car ce film est un cri d'alarme poussé par ses auteurs.
Pour la réalisatrice, Barbara Olivier ce documentaire est bien plus qu'une série de témoignages.
Avec ce film, nous nous sommes rapidement rendu compte que la Martinique fait d'ores et déjà face à un bouleversement sociétal. Le devoir filial (fait qu'un enfant prend en charge l'accompagnement de son parent âgé), faisait partie intégrante de l'organisation de notre culture.
Depuis quelques années, il est mis à mal par la modernisation de notre société. Avec ce film nous avons voulu alerter la population martiniquaise sur l'urgence à s'occuper de nos aînés. Toute la question est de savoir : que fait-on maintenant ?