Martinique, terre d’abstention électorale

L’INSEE vient de publier une analyse chiffrée sur le phénomène de l’abstention, à la lumière des élections présidentielle et législatives de 2017. Une analyse à approfondir par des études sociologiques.
Notre île, comme nous le savons depuis Césaire, est aussi "une version du paradis absurdement ratée". Parmi les nombreuses preuves de cette assertion, les taux faramineux de l’abstention du corps électoral. L’INSEE publie une analyse pertinente de ce phénomène. Son ampleur avait rarement atteint ce niveau avant 2017.

Première leçon à retenir : 260 000 personnes sont inscrites sur les listes électorales, ce qui donne un taux d’inscription de 87 %. En creux : 13% des adultes ne sont pas électeurs. Question : pourquoi cette auto-désaffection de certains citoyens ?

Deuxième leçon proposée par les statisticiens, je cite : "L’âge est l’une des caractéristiques déterminantes de l’abstention aux élections". En clair : les moins de 30 ans boudent les urnes. Ils sont sûrement accaparés par d’autres préoccupations, études ou logement. N’oublions pas les plus de 80 ans, les trois-cinquièmes n’allant plus voter.

Troisième leçon : plus la précarité économique et sociale est forte, moins vote est fort. En clair : la misère et la pauvreté entraînent le décrochage civique. De fait, le vote est le moins fréquent chez les retraités, les ouvriers et les chômeurs. En creux : le vote est le plus fréquent chez les classes moyennes et les cadres.

Ces chiffres sont utiles à rappeler ou à connaître. Il convient de les compléter en s’interrogeant sur les causes profondes d’un phénomène durable. Le citoyen se détache de la scène électorale tout en demeurant critique quant aux politiques publiques menées par des élus qu’il n’a pas forcément choisi. Un paradoxe appelant de sérieuses études pour comprendre pourquoi nous en sommes arrivés à douter de notre système politique. Et, au-delà, de notre capacité collective de mobilisation.