Maryse Condé, née Marise Liliane Appoline Boucolon, le 11 février 1934, est la cadette d’une famille de 8 enfants. L'éducation était stricte et la devise était claire : "Fier d'être noir. Travailler pour réussir".
Ses Parents étaient les premiers enseignants noirs de la Guadeloupe. Sa mère était parmi les premières directrices noires. Son père était instituteur, mais a arrêté momentanément son activité d'éducateur pour monter une petite structure bancaire avec des amis noirs et mulâtres. Elle s'appelait la Banque Antillaise.
Lycée Fénelon puis la Sorbonne à Paris
En 1953, la jeune fille de 16 ans laisse la Guadeloupe pour étudier au Lycée Fénelon, établissement d'enseignement secondaire et supérieur du quartier latin à Paris. Une institution réservée aux filles, située dans le 6e arrondissement de Paris. Brillante, elle poursuit ses études de lettres classiques et d’anglais à la Sorbonne.
Rencontre avec le continent africain
En 1959, elle épouse l'acteur guinéen Mamadou Condé et part avec lui sur le continent et découvre plusieurs pays africains : la Guinée, la Côte-d’Ivoire, le Ghana et le Sénégal. Elle enseigne le français.
Maryse Condé fait l’expérience de l’Afrique réelle. Elle est accueillie non pas en tant que sœur, mais en étrangère "bien loin de cette Afrique fantasmée".
Cette période est une épreuve lourde d’autant qu’en 1964, elle se sépare de son premier mari.
Son premier roman la propulse sur la scène littéraire
En 1973 avec ses enfants, Maryse Condé revient en France et enseigne dans diverses universités. Ses cours sont prisés. Mais la fièvre de l'écriture s'empare d'elle. Avant d'être une romancière c'était une dramaturge.
Sa pièce en 5 actes, "Dieu nous l'a donné" a été joué en 1973, au Festival de Fort-de-France devant Aimé Césaire, dans une mise en scène de l'homme de théâtre martiniquais Yvan Labéjof.
2 ans plus tard, tard, elle obtient une bourse Fulbright pour enseigner aux États-Unis. Elle séjourne pendant un an à Los Angeles, avant de se retrouver à l’Université de Columbia. L’écrivaine est partagée entre les États-Unis et la Guadeloupe.
Son premier roman "Heremakhonon" paru en 1976 aux éditions Seghers, raconte l’histoire d’une jeune femme antillaise en quête de ses racines, est un succès.
Les premiers prix arrivent
Maryse Condé était d'une capacité de travail redoutable. De 1976 à son premier prix, elle a été très prolixe. Avec les deux volumes de Ségou, véritable ouvrage à succès (publiés en 1984 et 1985), elle a été révélée au grand public.
Un bonheur n'arrivant jamais seul, elle épouse son compagnon et traducteur en anglais, Richard Philcox.
La reconnaissance de cette icône antillaise est assurée avec deux prix importants : "Moi, Tituba, sorcière noir de Salem", (1986) est l’histoire de la fille de l'esclave Abena violée par un marin anglais à bord d'un vaisseau négrier. Tituba, née à Barbade est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts.
Un roman croustillant (la version anglaise est préfacée par Angela Davis) qui remporte le grand prix de la Femme 1986.
La deuxième envolée est "La Vie scélérate", édition Seghers 1987, la saga intelligente d’une famille guadeloupéenne avec des personnages exubérants. Albert Louis, le grand-père s’exile à Panama pour travailler. Son fils Jacob reste sur place. Jean, un autre fils, devient instituteur. Sa fille Claude, est la narratrice du roman qui s’adjuge le prix de l’Académie française de 1988.
Prix Nobel Alternatif pour son œuvre immense
Maryse Condé, auteure de plus d’une quarantaine d’ouvrages a remporté en octobre 2018 le "nouveau prix de littérature", instauré à l’initiative d’une centaine d’auteurs suédois. Ce prix alternatif compense le prix Nobel de littérature, absent suite à un scandale sexuel frappant l'académie.
Elle a reçu sa statuette en bronze représentant une femme dressée sur un livre, symbole de force, de courage et de sagesse. "Quelque chose que l'on retrouve dans vos livres et en vous", avaient déclaré les membres de l'organisation du Prix Nobel de Littérature " alternatif ".
Le "prix mondial" de la Fondation Del Duca
L’auteure a reçu ce prix destiné à récompenser et à faire mieux connaître un auteur français ou étranger dont l’œuvre constitue, sous forme scientifique ou littéraire, un message d’humanisme moderne.
Je suis fière, extrêmement fière, d'être celle qui a fait entendre la voix cachée de la Guadeloupe…. J’aime la Guadeloupe, le pays, la nature, les sons, les images. Je mourrai guadeloupéenne. Une Guadeloupéenne indépendantiste…"
Maryse Condé- auteure
Son dernier livre, le roman "L’Evangile du nouveau monde" se crée le soir d’un dimanche de pâques. En s'inspirant des évangiles, Maryse Condé nous raconte la Guadeloupe et le monde contemporain
Mardi 26 mars 2024, la ville de Pointe-à-Pitre lui a rendu Hommage en opposant une plaque sur sa maison natale.
Rappelons que Maryse Condé a été la première présidente du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage (2004-2009), devenu comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, aujourd’hui Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage.