La colère monte chez les petits producteurs de bananes de Martinique. Mobilisés très tôt ce lundi devant le siège de Banamart à Ducos, ils demandent l’étalement de leur dette sur l'année 2024 après une année difficile notamment marquée par le passage de la tempête tropicale Bret, des conditions climatiques difficiles et le problème de cercosporiose noire.
Selon les planteurs, le conseil d’administration du groupement bananier Banamart ne serait pas sensible à leur requête. Étouffés par les dettes, ils demandent des mesures pour les exploitations en difficulté.
Nous réclamons l’étalement des dettes des producteurs en difficulté pour qu’ils puissent percevoir le solde de leur POSEI, on demande que le reliquat soit mis dans un pot commun pour les exploitations en difficulté. (...) On est tous en difficulté. On se bat pour sauver une filière et aider toute la production. Notre mot d’ordre est d’aider les exploitations en difficulté car il y a aussi des grosses exploitations qui ont fermé. Pour Monsieur Gouyer, tous ceux qui sont en difficulté ce sont des gens qui ne travaillent pas, alors que c’est faux.
Louis-Félix Gloriane, représentant des petits planteurs de bananes
“Les producteurs qui sont en opposition avec nous sont des producteurs qui ne produisent plus grand-chose.”
Outre le niveau de dette élevé, Alexis Gouyé, le président de Banamart, pointe du doigt les faibles quantités de production chez les petits planteurs.
Le problème de ces quelques producteurs, et ils ont les mêmes problèmes que tous les autres producteurs de bananes, est qu'ils ne produisent plus rien. On a une majorité de producteurs qui, malgré tout, essaient de produire et c’est ce qui leur permet d’avoir un peu de recette. Les producteurs qui sont en opposition avec nous sont des producteurs qui ne produisent plus grand chose. Comment voulez-vous avoir des recettes si vous ne produisez pas.
Alexis Gouyer, le président de Banamart
Ça fait plus de 10 ans que nous étalons les dettes. La dette pour cette catégorie de producteurs auprès du groupement s’élève à 4,6 millions d’euros exactement. On ne peut pas prendre l’argent de 300 producteurs pour le redonner à 17 ou 20 producteurs, qui ne produisent plus grand chose. Il faut produire même si c’est très compliqué. Je me bats tous les jours pour essayer de trouver des solutions, mais on ne peut dire indéfiniment que c’est à cause de Banamart. (...) On a proposé de réfléchir au Reliquat 3 qui était alloué aux moyens et gros producteurs vers les petits producteurs. Sauf que ce Reliquat là, ne peut être refléché qu’à condition que les producteurs aient produit. Ce sont des fonds publics. Il faut quand même faire le distinguo entre ceux qui en moyenne arrivent quand même à sortir entre 40 et 50 voire 60% de production et ceux qui en sortent 3 ou 4 %.
S'ils n'obtiennent pas réponse concrète de Banamart, les producteurs envisagent de durcir le mouvement.
Pour l'instant on est gentil, on demande à l'administration d'être raisonnable et de venir discuter.
Louis-Félix Glorianne
Selon le représentant des petits producteurs, la mobilisation pourrait prendre différentes formes. Les planteurs ont déjà assuré avoir le soutien du syndicat des dockers.