Le monde va-t-il vraiment changer après la crise sanitaire ?

Promeneurs sur le front de mer à Fort-de-France (illustration).
La pandémie que nous vivons constitue-t-elle un tournant dans l’histoire actuelle de la planète, ou une simple parenthèse ? La réponse n'est pas évidente.
Le monde va changer, nécessairement, après cette crise sanitaire et sociale. Cette phrase est déclinée sur tous les tons, sur tous les continents. Les optimistes estiment que si le monde aura du mal à se remettre de la terrible pandémie qui n’a pas terminée sa course meurtrière, il est disposé à se remettre en question et à s’ouvrir vers d’autres horizons.
 
"Rien ne sera plus comme avant" disent les uns. "Il y aura un avant et un après" renchérissent les autres. À entendre les partisans de la révolution numérique, nous construirons bientôt d’autres modes de production et de nouvelles organisations du travail. À écouter les tenants d’une révolution écologiste, la planète saura mettre à profit cette crise pour élaborer une nouvelle manière de gérer les ressources naturelles.

Les uns et les autres disent qu’aucun événement n’ayant autant impacté l’activité de l’humanité entière que cette pandémie, le moment est venu de bâtir un monde nouveau. Mais voilà, sommes-nous bien certains que le monde peut changer ?
 

L’optimisme est de rigueur


Les deux guerres mondiales, qui ont constitué des moments essentiels de mutations, essentiellement en Europe, ont permis d’adopter des réformes visant à la justice sociale. Des avancées financées par l’expansion économique consécutive à ces guerres. Les États ont alors puissamment aidé les acteurs économiques à investir dans de nouveaux domaines, de la reconstruction des pays détruits à l’industrialisation des biens de consommation.

Force est de constater que nous ne vivons pas une situation similaire. Il s’agit moins de chercher de nouvelles ressources économiques que de construire un nouveau pacte social à l’échelle planétaire afin de réduire les inégalités persistantes.

Les menaces sur l’équilibre du monde d’avant la pandémie demeurent et s’aggravent. La faim n’a pas disparu. Elle concerne près du dixième de la population mondiale. Les désordres climatiques vont accentuer des déséquilibres déjà à l’œuvre tant que la misère ne sera pas résorbée.

Des tendances connues qui n’incitent pas à l’optimisme. Mais voilà, si l’homme est son pire ennemi, il est aussi son meilleur ami. C’est la raison pour laquelle nous devons conserver en nous, comme dit Aimé Césaire, "la force de regarder demain".