La traditionnelle Semaine des retraités et personnes âgées constitue l’occasion de nous sensibiliser à la contribution de nos grandes personnes – comme nous disons en Martinique - à la vie économique, sociale, culturelle et politique du pays.
Les professionnels investis auprès de nos seniors sont ainsi mis en avant et mis en valeur. Ce n’est que justice. Surtout en cette période où les personnes âgées paient un très lourd tribut à la pandémie provoquée par la pandémie de coronavirus. L’écrasante majorité des victimes de ce virus est âgée de 75 ans et au-delà.
Ces quelques jours sont fort utiles pour rappeler la précarité des conditions de vie et la santé fragile de certains de nos parents ou grands-parents. Un autre facteur aggrave les difficultés rencontrées par ces personnes âgées, à savoir leur isolement familial. Souvent, leurs enfants vivent et travaillent hors de Martinique, chômage oblige. Sans les structures privées et publiques financées par les communes et la CTM, de très nombreux aînés se retrouveraient encore plus pauvres qu’ils ne le sont.
Des aînés isolés et miséreux
L’isolement de certains est également social. Les mutations dans l’habitat sont telles que l’on rencontre souvent des personnes vivant dans des logements indignes ou insalubres, à l’écart des lotissements de villas et des résidences collectives.
Le montant modeste de la pension de retraite de très nombreux vieux travailleurs expliquent partiellement cette situation. Bien entendu, ce triste sort n’est pas celui de toutes les personnes âgées. Nombre d’entre elles bénéficient de la solidarité familiale ou sociale ou de revenus décents.
Cette 70e Semaine bleue permet également de mettre le doigt sur une tendance sociologique lourde : le vieillissement de la population. Un phénomène identifié depuis une trentaine d’années. Du fait de l’émigration massive des jeunes et de l’amélioration continue des conditions de vie, le nombre de naissances rejoint quasiment le nombre de décès.
Le déclin démographique connu depuis 30 ans
Si les personnes âgées de moins de 40 ans représentaient 68 % de la population en 1990, elles ne sont plus 40 % aujourd’hui. Les personnes de plus de 60 ans sont passées de 12% à 25% de la population durant la même période. Les projections élaborées en 2013 par l’INSEE donnaient 167 seniors pour 100 jeunes en 2030, alors que nous avons 124 seniors pour 100 jeunes aujourd’hui. D’ici à dix ans, un habitant sur trois aura 65 ans ou plus.
Ces réalités démographiques doivent se décliner en autant de défis à relever. Il faut équiper le territoire pour loger, occuper, soigner nos aînés. Et les dorloter aussi. Car ils constituent un pont nous reliant à des pans entiers de notre patrimoine commun. Leur potentiel culturel reste sous-estimé. Pourtant, nos grandes personnes sont des témoins irremplaçables du savoir-être martiniquais, cet ensemble de faits, de gestes, d’attitudes, de comportement et de coutumes identifiant l’âme d’un peuple en le sublimant.