Nouvelle-Calédonie : une défaite électorale peut cacher une victoire politique

La Nouvelle-Calédonie dit "non à la Kanaky". Pour le moment, du moins. Les résultats du référendum du 4 novembre 2018 sont clairs : 56% des voix pour le "non" contre 44% pour le "oui" avec une forte participation de 80%.
 
La France ne veut pas se séparer de la Nouvelle-Calédonie. Les indépendantistes ont obtenu le droit à la reconnaissance des Kanaks comme peuple premier. Les partisans du maintien dans la France veulent tourner la page de la colonisation entamée en 1853.
Voici quelques leçons du résultat de la consultation sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Une nouvelle étape s’ouvre dans le processus d’apaisement né de la signature des Accords de Matignon de 1988, confortés par les Accords de Nouméa de 1998. Sans oublier les exactions commises contre leurs ancêtres, les indépendantistes du FLNKS disent vouloir rester fidèles à l’esprit de ces documents. Ils sont prêts à participer à la définition d’un "peuple calédonien". Un peuple composé de tous ceux qui souhaitent vivre en paix et construire ce pays, quelle que soit leur origine.
 

Bâtir un peuple calédonien


Les anti-indépendantistes, eux, veulent solder l’histoire coloniale. Ils sont disposés à conforter le statut de large autonomie du pays acquis ces trente dernières années. Tout retour en arrière est exclu mais la situation n’est pas figée. Le long cheminement vers l’autodétermination commencé avec la quasi-guerre civile des années 1984-85 n’est pas arrivé à son terme. Toutes les composantes de la population sont obligées de continuer de se parler pour définir l’avenir commun que chacun souhaite. Deux autres référendums sont prévus, en 2020 et en 2022. Ils pourraient permettre la bascule vers la création d’un État souverain.

Comme disent les Kanaks à l’Européen : "tu as la montre, mais j’ai le temps". Un adage à se remémorer, tant il est vrai que certaines défaites électorales, comme celle du "non" aujourd’hui, cachent des victoires politiques, sur le long terme.