Outre-mer : l’égalité des droits serait-elle un vain combat ?

Au centre Jacques Toubon, le Défenseur des droits depuis le 17 juillet 2014.
Un rapport du Défenseur des droits, publié en septembre 2019 mais passé inaperçu, met en avant les inégalités d’accès au droit et les discriminations diverses subies par les populations d’Outre-mer. Il en appelle à l'État pour corriger ces inégalités observées presque partout.
Le chômage, la santé, la protection de l’environnement, le fonctionnement des services publics et les discriminations de toutes natures : les préoccupations majeures des habitants de l’Outre-mer sont désormais recensées par le Défenseur des droits. Il a procédé par une enquête auprès de 1 600 habitants de Guadeloupe, Guyane, Réunion, Mayotte et Martinique.

Sa conclusion est éloquente : "Les habitantes et les habitants des Outre-mer rapportent être confrontés dans leur vie quotidienne à d’importantes difficultés économiques et sociales, à un accès inégal aux services publics et à de nombreuses discriminations".

La lutte contre le chômage constitue le premier enjeu à relever dans nos territoires. L’autre priorité majeure, c’est l’accès aux soins et à la santé, ce qui inclut la protection de l’environnement. Le rapport cite le chlordécone et les sargasses aux Antilles, l’orpaillage illégal en Guyane, la gestion de l’eau potable et de l’assainissement partout.
 

Des réalités connues et désormais validées

 

L’éducation arrive en 4e position des préoccupations de nos populations. La formation est vécue comme une difficulté majeure chez les jeunes. Autre fait marquant : le fonctionnement insatisfaisant des services publics, dont nous nous plaignons volontiers.

Notons, enfin, que plusieurs types de discriminations sont relevées, liées à l’origine, à la couleur de peau, à l’orientation sexuelle, à l’état de santé ou au handicap. Le Défenseur des droits s’interroge sur "les objectifs d’égalité réelle consacrés par la loi de programmation du 28 février 2017". Un texte adopté il y a trois ans et demi, prévoyant de parvenir à l’égalité totale dans un délai de dix à vingt ans.

Vu sous cet angle, nous pouvons nous demander si la lutte pour l’égalité n’est pas un combat inutile. Depuis le temps que nos ancêtres l’ont engagé, le résultat n’est toujours pas là. En 1848, les esclaves libérés étaient supposés devenir des citoyens à part entière. Lors de la Première guerre mondiale, nos soldats étaient supposés obtenir l’assimilation complète. En 1946, le remplacement de la colonie par le département était supposé généraliser l’égalité des droits.

Et si ce n’est pas l’égalité que nous devrions réclamer, mais plutôt le droit à la différence ? Vu sous cet angle, la persistance des inégalités régulièrement dénoncées revêt une certaine cohérence.