La France est-elle prête à assumer toutes les pages de son histoire, notamment son passé colonial ? La question se pose, après les quelques mots prononcés à ce sujet par le chef de l’Etat, dans son allocution du 14 juin 2020, condamnant le déboulonnage de certaines statues.
"La République n’effacera aucun nom, ni aucune trace de son histoire, ne déboulonnera aucune statue". Les mots du chef de l’Etat ont une résonance particulière, au moment où l’histoire est questionnée ici et là par une jeunesse en quête de justice.
Cette phrase en écho à des manifestations remettant en cause certains symboles révèle que le président de la République ignore les efforts méritoires accomplis depuis quelques années dans les anciens ports négriers.
Si les populations de Nantes, du Havre, de La Rochelle ou de Bordeaux prennent connaissance de l’importance de leurs villes dans l’expansion du commerce colonial, c’est grâce au travail foncier accompli par des associations de bénévoles.
Des élus de tous bords politiques, parfois à contrecoeur, travaillent avec ces militants souvent antillais d’origine, à construire un récit partagé sur la contribution de ces villes à l’enrichissement de l’élite économique et de l’Etat dans la France des 17e et 19e siècle.
Par ailleurs, le chef de l’Etat prend à contrepied le président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, Jean-Marc Ayrault. L’ancien maire de Nantes souhaite rebaptiser une salle de réunion de l’Assemblée nationale portant le nom de Colbert, le promoteur du Code noir. Est-ce à dire que cette initiative ne recevra pas l’aval d’Emmanuel Macron ?
Dans le même temps, celui-ci se dit prêt à examiner toute l’histoire de France, dans toutes ses dimensions. Il se dit disposé à entamer cet exercice, notamment pour ce qui concerne les relations avec l’Afrique. Il parle, en clair, de l’histoire coloniale. Un pari à hauts risques.
Le président est-il prêt à ce que les Français d’aujourd’hui assument le rôle de leur roi favori Louis XIV dans l’industrialisation de l’esclavage ? Sont-ils préparés à apprendre que l’un de leurs héros préférés, Napoléon Bonaparte, a ordonné le rétablissement de ce régime ?
Les Français d’aujourd’hui sont-ils disposés à reconnaître le rôle déterminant des soldats des colonies dans la Première guerre mondiale ? Savent-ils que les résistants africains et antillais de la Seconde guerre mondiale ont été mis de côté au moment de la victoire, de crainte que la population ne voit qu’ils ont été en première ligne contre les nazis ?
Il s’agit d’exemples parmi d’autres de faits ignorés ou méconnus. Si le chef de l’Etat est disposé à ce que la France fasse toute la lumière sur son passé, il faut se préparer à des remises en cause autrement plus essentielles que le déboulonnage de quelques statues.
Cette phrase en écho à des manifestations remettant en cause certains symboles révèle que le président de la République ignore les efforts méritoires accomplis depuis quelques années dans les anciens ports négriers.
Si les populations de Nantes, du Havre, de La Rochelle ou de Bordeaux prennent connaissance de l’importance de leurs villes dans l’expansion du commerce colonial, c’est grâce au travail foncier accompli par des associations de bénévoles.
Des élus de tous bords politiques, parfois à contrecoeur, travaillent avec ces militants souvent antillais d’origine, à construire un récit partagé sur la contribution de ces villes à l’enrichissement de l’élite économique et de l’Etat dans la France des 17e et 19e siècle.
Colbert, auteur du Code noir, continue d’être honoré
Par ailleurs, le chef de l’Etat prend à contrepied le président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, Jean-Marc Ayrault. L’ancien maire de Nantes souhaite rebaptiser une salle de réunion de l’Assemblée nationale portant le nom de Colbert, le promoteur du Code noir. Est-ce à dire que cette initiative ne recevra pas l’aval d’Emmanuel Macron ?
Dans le même temps, celui-ci se dit prêt à examiner toute l’histoire de France, dans toutes ses dimensions. Il se dit disposé à entamer cet exercice, notamment pour ce qui concerne les relations avec l’Afrique. Il parle, en clair, de l’histoire coloniale. Un pari à hauts risques.
Le président est-il prêt à ce que les Français d’aujourd’hui assument le rôle de leur roi favori Louis XIV dans l’industrialisation de l’esclavage ? Sont-ils préparés à apprendre que l’un de leurs héros préférés, Napoléon Bonaparte, a ordonné le rétablissement de ce régime ?
Une histoire complexe et méconnue
Les Français d’aujourd’hui sont-ils disposés à reconnaître le rôle déterminant des soldats des colonies dans la Première guerre mondiale ? Savent-ils que les résistants africains et antillais de la Seconde guerre mondiale ont été mis de côté au moment de la victoire, de crainte que la population ne voit qu’ils ont été en première ligne contre les nazis ?
Il s’agit d’exemples parmi d’autres de faits ignorés ou méconnus. Si le chef de l’Etat est disposé à ce que la France fasse toute la lumière sur son passé, il faut se préparer à des remises en cause autrement plus essentielles que le déboulonnage de quelques statues.