La PAF : des hommes en souffrance… et en sous-effectif

Comme leurs collègues de la police nationale et de la prison de Ducos, en Martinique, les agents de la DZPAF (Direction Zonale de la Police Aux Frontières) crient leur ras-le-bol, face au manque d’effectifs. Plusieurs agents sont actuellement en arrêt maladie.

La police va très très mal (…). Cela va exploser en Martinique (…).
Nous n’avons pas les moyens d’assurer la sécurité de la population. Nous n’avons même pas les moyens d’assurer notre propre sécurité. 

Ce commentaire de Claude Coppel d'Unité SGP Police, résume à lui seul le profond malaise qui existe au sein des forces de l’ordre en charge de la sécurité publique. Une intersyndicale composée de représentants de la police nationale, de la Police de l’Air et des Frontières et de la prison de Ducos, s'est exprimée lors de la plénière de rentrée des élus de l’assemblée territoriale de Martinique (jeudi 26 septembre 2019). Le constat est unanime : ces services régaliens de l’état n’ont pas les moyens suffisants, pour garantir la sécurité de la population martiniquaise.
 

Malaise à la Police de l’Air et des Frontières


À la DZPAF (Direction Zonale de la Police Aux Frontières), 12 titulaires de plus seraient les bienvenus espèrent les syndicats. Comme chez leurs collègues de la nationale et de la pénitentiaire, les difficultés s’accumulent.

Les effectifs ont diminué au fil des ans. Cette direction est composée à ce jour de 116 effectifs réels, tous corps confondus, pour assurer le contrôle des frontières sur l’aéroport, les ports de Fort-de-France, de Saint-Pierre, du Marin et pour lutter contre l’immigration en Martinique, ainsi que le travail clandestin, entre autres.

Sur ces 116 effectifs, il y a 79 CEA (Corps d’Encadrement et d’Application), dont 23 sont en prolongation d’activité. Le contrôle du port international du Marin, est la plupart du temps, effectué par les effectifs de la douane (…). L’aéroport international Aimé Césaire dont la capacité actuelle est prévue pour recevoir 1 700 000 passagers, doit augmenter, pour en accueillir à terme, 2 150 000.

(Source : Syndicat Alliance Police Nationale).  
 

Problèmes relationnels en sus à la PAF


Outre le manque d’effectifs, des soucis relationnels avec un supérieur auraient entraîné des arrêts de travail en cascade ces derniers mois. De source syndicale, 8 agents mobiles sur 10 sont concernés à la BMR (Brigade Mobile de Recherches), l’une des 4 unités de terrain.

Un de ces fonctionnaires serait en congé maladie depuis plus d’un an, après avoir été agressé par le même cadre supérieur selon nos informations. Des absences qui amplifient un peu plus le problème d’effectif à Direction Zonale de la Police Aux Frontières, comme dans les autres directions de la Police Nationale.
 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes


À la DDSP (Direction Départementales de la Sécurité Publique),il y a 506 agents tous corps confondus, soit 1 policier pour 243 habitants sur la zone Fort-de-France - Lamentin. Les organisations syndicales réclament "entre 50 et 80 fonctionnaires à minima, pour rétablir un semblant de sécurité" disent-elles.

Concernant le SRPJ (Service Régional de la Police Judiciaire), il compte actuellement 10 personnels. "Il manque 5 effectifs titulaires pour mieux fonctionner", soulignent les représentants du personnel.
Enfin, à L’OCRTIS (l’Office de Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants), les besoins sont estimés à 15 agents supplémentaires.

Vu l’évolution des organisations criminelles et l’armement toujours plus lourd des narcotrafiquants sur la zone, il est nécessaire d’adapter les moyens mis à leur disposition, insistent les partenaires sociaux.
 

Même préoccupation à la prison de Ducos


Quant au centre pénitentiaire de Ducos (qui dépend du ministère de la justice), sa capacité d’accueil est de 770 places, or, il y a 820 détenus actuellement hébergés dans cette prison, dont les profils sont mélangés, du voleur à l’arraché, jusqu’aux grands criminels, en passant par les gros trafiquants, explique Patrick Louvounou, secrétaire de FO pénitentiaire.

La prison est une cocotte-minute (…) Ducos n’est pas la poubelle de la Martinique.

Pour le syndicaliste, il manque au moins 30 gardiens.

Les élus de la Collectivité Territoriale de Martinique semblent avoir reçu 5 sur 5 le message alarmant des forces de sécurité.
À charge pour eux de faire remonter ces doléances au pouvoir parisien, car la population attend des actes concrets, afin d’enrayer la délinquance galopante qui endeuille trop souvent des familles martiniquaises et contraint les fonctionnaires à se mettre en danger.  
Depuis janvier dernier, 51 policiers se sont suicidés en France, dont un en Martinique.