"Pass sanitaire" et vaccin obligatoire : la position divergente de deux élus de l’Assemblée de Martinique

Deux élus territoriaux de la minorité à l'Assemblée de Martinique : Catherine Conconne, sénatrice & Francis Carole, ex conseiller exécutif de la CTM.
"Soyons responsables face à la gravité de l’épidémie" dit la sénatrice Catherine Conconne, chef de file du groupe "La Martinique Ensemble" de la minorité à l’Assemblée. Pour Francis Carole, élu de l’opposition indépendantiste "Gran Samblé Pou Matinik", il faut "poursuivre la mobilisation populaire".

Le débat citoyen et parlementaire continu à propos du projet de loi sur le "pass sanitaire" et l’obligation vaccinale préconisés par le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, lors de sa dernière intervention télévisée, le 12 juillet 2021. Le texte doit être promulgué en urgence officiellement au début du mois d'août prochain.

Ne nous divisons pas (...).

La liberté où je ne dois rien à personne n'existe pas (...).

Quand on traite une épidémie, il vaut mieux écouter les scientifiques.

(Emmanuel Macron - Président de la République (déclaration depuis la Polynésie le 25 juillet 2021) 

 

Face aux chiffres de contamination qui augmentent partout en France, dans l’hexagone comme en Outre-mer avec des conséquences sur le fonctionnement des hôpitaux en particulier au CHUM (Centre Hospitalier Universitaire de Martinique), Catherine Conconne livre son point de vue.


Dans sa communication datée du 23 juillet 2021 adressée à la presse et postée sur sa page Facebook, la sénatrice de la Martinique interpelle ses compatriotes en ces termes : "nous nous devons d’adopter une attitude de responsabilité"
 

Mon devoir d’élue est d’envisager les moyens de protéger au mieux la population.

 

Nous avons aujourd’hui le recul nécessaire (plus de 3 milliards de vaccinations à travers le monde) pour savoir que la vaccination réduit considérablement les risques de contracter une forme grave de la maladie, à titre d’exemple, sur 81 patients en service COVID mercredi (21 juillet 2021) à l’hôpital, un seul était vacciné.

 

Nous avons la chance d’avoir un accès facile à des vaccins gratuits -ce qui n’est pas le cas dans de nombreux pays-.

 

Nous n’avons pas, à ce jour, de traitement alternatif et nous sommes dans l’urgence.

J’appelle donc, sans détour, tous les Martiniquais à se faire vacciner.

(C. Conconne)

 

"J’aurais souhaité que chacun le fasse volontairement, convaincu par les arguments scientifiques nombreux, et répondant à un sens du devoir" insiste la conseillère territoriale.

L’inquiétude des autorités sanitaires, que je partage entièrement, repose sur des faits objectifs : notre population est vieillissante or, la mortalité du virus augmente fortement avec l’âge. 

 

Les pathologies qui accroissent la virulence du COVID telles que le surpoids, l’hypertension et le diabète sont malheureusement très répandues chez nous. 

 

Enfin, nos capacités hospitalières sont limitées et notre situation insulaire, complique les transferts de patients vers d’autres établissements.

(C.C)

 

Avant de conclure son appel à la responsabilité collective, Catherine Conconne a également livré son point de vue sur le "pass sanitaire".  

"Je suis favorable à l’obligation vaccinale"

 

Si je suis opposée au pass sanitaire tel qu’il est proposé et qui aboutit à ce qu’une partie de la population en vienne à contrôler l’autre, je suis favorable à l’obligation vaccinale telle qu’elle existe chez les enfants pour de nombreuses maladies.

"Nous n’avons pas le temps d’attendre"

Je comprends le traumatisme face à une parole de l’État qui a parfois failli comme sur le sujet du chlordécone, mais je ne ferai pas partie de ceux qui veulent tout mélanger.

 

L’épidémie que nous connaissons est grave, inédite, et nous n’avons pas le temps d’attendre. Nous devons agir en responsabilité pour sauver des vies. 

(Catherine Conconne - La Martinique Ensemble)

 

Autre position, celle de Francis Carole, plus politique et radicalement divergente de celle de sa collègue de l’Assemblée de la CTM. Son avis a également été publié le 23 juillet dernier.

"Le chantage de l’Etat"

 

L’Etat français cherchera à nous imposer, par la trique, l’application d’une loi dont l’efficacité sanitaire est discutable et discutée, et l’impact global sur notre société -économique, social, psychologique, politique- risqué.

 

Le chantage de l’Etat, les pressions organisées sur la société martiniquaise et l’usage de la force, aboutiront inévitablement à des ruptures encore plus graves et à des blocages qui rendront la gestion de la situation encore plus aléatoire…

(F. Carole)

 

L’ex conseiller en charge de la santé et du social sous la mandature d’Alfred Marie-Jeanne, considère que la "résistance" d’une partie des martiniquais au vaccin concerné, est "une réaction légitime face à une gestion catastrophique de la crise sanitaire, avec, en arrière-plan, l’expérience d’un empoisonnement d’Etat au chlordécone de plusieurs décennies".

L’indépendantiste ajoute : "notre position ne consiste pas à nier la crise sanitaire mais à l’appréhender et à la gérer autrement"

"Politiques liberticides"

 

Dans les jours qui viennent, nous devrons, contre les errements du gouvernement Macron et les politiques liberticides décidées, renforcer et étendre le mouvement populaire pour aboutir à la non-application de l’extension du pass sanitaire en Martinique (dont  l’obligation vaccinale), ainsi qu’à la définition d’une "stratégie martiniquaise" concertée, prenant en considération l’information de la population, la démarche de renforcement de nos défenses immunitaires, la prévention, la protection des publics les plus fragiles, la continuité des soins à l’ensemble malades de la Martinique. 

 

La lutte contre les politiques liberticides n’est pas l’ennemie de la rationalité, de la science et de l’efficience des politiques de Santé. Elle en est le garant.

(Francis Carole du PALIMA - PArti pour la LIbération de la MArtinique)