Une personnalité martiniquaise dans le prochain gouvernement ?

Le Premier ministre français Edouard Philippe.
Le second gouvernement du Premier ministre Edouard Philippe comportera-t-il une personnalité martiniquaise ? Le suspense est entier. Et pour cause, cela ne s’est jamais produit sous la Cinquième République.
 
Quand donc une personnalité martiniquaise va-t-elle entrer au gouvernement ? Sous la Ve République, depuis 1958, cela n’est jamais arrivé. Dans le passé, sous la Troisième République, le député socialiste-républicain de gauche Alice Delmont a été sous-secrétaire d'État aux Colonies de novembre 1929 à 30 décembre 1930 ayant siégé à l’Assemblée nationale de 1928 à 1936. Avant lui, Henri Lémery, avait occupé plusieurs fonctions ministérielles, de novembre 1917 à janvier 1920, en 1934 puis en 1940.
 

La Guadeloupe détient le record avec 7 ministres


Depuis le Tahitien Gaston Flosse (secrétaire d’État chargé du Pacifique sud, 1986-1988), plusieurs personnalités d’Outre-mer ont eu cet honneur, ou cette charge. La Guadeloupe détient le record, avec 7 ministres ou secrétaires d’État : Lucette Michaux-Chevry (Francophonie, 1986-1988 puis Action humanitaire et droits de l’homme, 1993-1995), Roger Bambuck (Sports, 1988-1991), Marie-Luce Penchard (Outre-mer, 2009-2012), Victorin Lurel (Outre-mer, 2012-2014), George Pau-Langevin (Réussite éducative puis Outre-mer 2014-2016), Hélène Geoffroy (Politique de la ville, 2016-2017) et Laura Flessel (Sports (2017-2018).
 

La concurrence entre les personnalités marquantes d’Outre-mer est rude


La Réunion a donné Margie Sudre (Francophonie, 1995-1997) et Ericka Bareigts (Egalité réelle puis Outre-mer, 2016-2017). La Guyane a eu Léon Bertrand (Tourisme, 2002-2007) et Christiane Taubira (Justice, 2012-2016). Et n’oublions la Saint-Pierraise Annick Girardin (Francophonie puis Fonction publique, 2014-2017 et Outre-mer depuis 2017).

Que manque-t-il donc à nos leaders politiques pour entrer dans un gouvernement ? L’expérience politique, la formation, la proximité avec l’élite parisienne, l’aisance dans un domaine ? Rien de tout cela. Le curriculum vitae des ministres, natifs d’outre-mer ou pas, est suffisamment divers pour en dégager un profil-type.

S’il n’y a pas encore eu de ministre martiniquais sous la Cinquième République c’est que la concurrence entre les personnalités marquantes des différents territoires d’outre-mer est rude. Il faut admettre aussi qu’aucun de nos dirigeants n’a correspondu, à un moment précis, à ce que le président en place recherchait, en termes de symbole.
 

La jurisprudence Césaire interdit de participer au gouvernement 


Ce qui ne veut pas dire que nos dirigeants sont incapables d’être ministre. Claude Lise a été pressenti dans le gouvernement de Michel Rocard en 1988, avant d’en être dissuadé par la direction du PPM (Parti Progressiste Martiniquais). Et des rumeurs insistantes donnaient Serge Letchimy dans le gouvernement de Manuel Valls en 2016.

Une fin de non-recevoir a été adressée à l’exécutif, cette fois encore, en application de la "jurisprudence Césaire". Le fondateur du Parti progressiste, partisan de "l’autonomie pour la nation martiniquaise", trouvait incohérent d’être partie prenante d’un gouvernement français contre lequel il se dressait. Logique, somme toute.

Le remaniement d’envergure promis par le président Macron se fait attendre. La Martinique sera-t-elle servie cette fois ? Et par qui ? Les paris sont ouverts.