Le poids des mots et le choc du symbole de la manifestation de Kémi Séba à Génipa

Les participants ont tous récupéré des sachets de sucre de canne à la demande de l'activiste Kémi Séba.
Animation inhabituelle au centre commercial Génipa vendredi 25 mai 2018. Emmenées par l’activiste Kémi Séba, plusieurs dizaines de personnes sont entrées dans un supermarché, une enseigne du Groupe Bernard Hayot, et ont emporté sans payer des paquets de sucre de canne.
La force du symbole. C’est ce que recherchaient les promoteurs du coup d’éclat à Génipa. S’attaquer à la toute-puissance des békés. Et dire que le "sucre de canne est rouge du sang de nos ancêtres esclaves".

La première action de ce type chez nous a surpris, interloqué, indigné, ou satisfait les uns ou les autres. Selon que l’on adhère au principe de la réparation du crime esclavagiste ou que l’on rejette cette idée, chacun a son opinion.

Des sachets de sucre de canne


La difficulté dans ce type de mobilisation, c’est le choix du symbole. Est-il pertinent de cibler le sucre de l’usine du Galion ? Les actionnaires majoritaires de l’entreprise sont la Collectivité Territoriale de Martinique et 32 de nos 34 communes. Le plus gros actionnaire privé est une société basée en région parisienne, la COFEPP.

Autre élément à souligner, le fait que l’usine a été fondée par un ingénieur français, Emile Bougenot. Né près de Dijon, il est envoyé en Martinique en 1860 pour y construire l’usine sucrière centrale du Lareinty. Il sera ensuite embauché par le propriétaire du domaine du Galion, Eugène Eustache, né en Belgique.

S’en prendre au sucre produit par une entreprise à capitaux publics créée par un non béké peut surprendre.
Il est clair que la communication politique suit parfois des règles que la logique ne suit pas forcément.