La mode ? Elle la connaît sur le bout des doigts. Tatiana Thérésine-Augustine est une jeune créatrice bien accomplie. Une marque déposée, une boutique, des milliers de créations au compteur… et elle ne compte pas s’arrêter là.
La couture, une évidence
Sa passion pour la mode a commencé par le dessin.
J’aime beaucoup dessiner. Ça a été le déclenchement. Ensuite, j’ai associé le dessin à la mode. Après, j’ai fait des recherches sur les métiers de la mode, comme le stylisme et le modélisme. Comme je suis très manuelle, je me suis plus dirigée vers la création. Je ne fais pas seulement des dessins, je fais des créations de A à Z. Du patronage à la réalisation du vêtement.
Depuis sa majorité, Tatiana ne lève pas le pied de la pédale de sa machine à coudre. Alors jeune étudiante au lycée Schœlcher à Fort-de-France, elle apprend les bases de la couture sur son temps libre. Une fois son Bac scientifique en poche, elle s’envole vers la capitale de la mode, afin de poursuivre son rêve.
En 2012, la jeune Martiniquaise s'installe à Paris où elle étudie pendant deux ans à Mod’Art International, une grande école de mode française.
“C’était un monde assez particulier. Il y avait de tout”, avoue-t-elle en riant.
Il fallait vraiment avoir sa propre personnalité. Il fallait montrer qu’on était passionné. On avait des professeurs aussi passionnés que nous. Ils nous ont bien appris, parce que c’était aussi leur métier.
Durant sa 2e année d’étude, Tatiana réalise un stage chez Samrone, une maison de Haute Couture spécialisée dans les vêtements chauds comme les manteaux et les fourrures.
À l'issue de son stage, la jeune femme est embauchée par la maison de création. Pendant 6 ans, elle côtoie le monde du luxe en tant qu’assistante styliste.
J’ai assisté à la mise en place des nouvelles collections, aux différents salons, des patronages à la réalisation des prototypes. (...) J’étais vraiment dans mon élément.
"Thérésine Création", un rêve devenu réalité
En 2018, parallèlement à son travail, l’artiste crée "Thérésine Création", une marque qui s'inspire de la culture des Antilles-Guyane. Par manque de temps, elle met son projet en pause.
Ce n’est qu’en 2020 par rapport au Covid-19, que Tatiana se lance officiellement en déposant le nom en tant que marque française.
Madras, broderie anglaise, des matières qui lui sont chères
Après avoir passé plus de 8 ans dans l’Hexagone, la créatrice de mode décide de rentrer sur son île afin de renouer avec ses origines et sa culture.
Il fallait que je rentre chez moi pour que je m'imprègne de ma culture. Quand on est loin, ça manque, on perd notre culture. J’avais besoin de cette connexion, d’être avec mes grands-parents et d’écouter leurs histoires antan lontan, de m'imprégner de ces éléments qui sont très importants. Et je pense aussi que j’avais pris beaucoup d'expérience à Paris, même si on apprend tous les jours.
Bien qu’elle affectionne particulièrement ce tissu, Tatiana ne travaille pas uniquement le madras. Elle manie aussi habilement la broderie anglaise, la mousseline de crêpe, le wax ou le similicuir.
"Je touche à tous les tissus", assure-t-elle.
La relève du milieu de la couture en Martinique
La jeune styliste et modéliste ne s'inquiète pas de la fermeture des merceries sur l’île. Si Tatiana a bien conscience que son métier est en voie de disparition, elle ne lâche rien.
C’est vrai que de plus en plus de couturières ne veulent plus exercer, je ne sais pas pourquoi. Celles qui sont déjà présentes prennent de l'âge. Il n’y a pas beaucoup de jeunes dans la couture. Le métier n’est pas forcément mis en valeur en Martinique. Sinon, ils préfèrent partir aux États-Unis ou en Angleterre pour faire carrière. Mais, ils ne visent pas la population antillaise dans leur clientèle.
Robes, jupes, sacs à main, accessoires pour les cheveux, shorts, maillots de bain… Elle propose un catalogue infini de pièces pour les femmes, les enfants et les hommes. Mais ce n’est pas tout. La jeune femme confectionne également des vêtements sur mesure, qu’elle assure proposer "à un prix abordable".
Depuis décembre 2023, Tatiana accueille sa clientèle dans sa boutique située à Ducos. À l’avenir, la créatrice de mode aimerait devenir une grande référence en la matière à l’échelle locale ou même nationale.
Elle rêve également d'ouvrir une plus grande boutique avec un atelier et faire de grands défilés.