Présidentielle 2002 : une élection pleine de surprises

Scène de vote en Martinique.
Dans huit semaines, ce sera le premier tour de l’élection présidentielle. Bref retour dans le passé récent, en 2002, année de surprises multiples à l’occasion d’une élection présidentielle à la configuration inattendue.

Drôle d’année que 2002 ! Cette année-là, l’élection présidentielle a été propice en surprises. Au premier tour de scrutin le 21 avril, le président sortant élu en 1995 pour le dernier septennat présidentiel, Jacques Chirac, sort en tête. Il recueille 19,9% des voix, le score le plus bas obtenu pour une telle élection depuis la première élection de 1965.

Première surprise. La seconde est davantage de la stupéfaction : l’autre candidat qualifié pour le second tour du 5 mai est le président-fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen, avec 16,9 % des suffrages. Lui-même n’y croit pas. D’ailleurs, il disparaît durant deux jours, étant persuadé qu’il ne serait jamais arrivé au second tour.

Le leader de l’extrême droite s’attend, comme tout le monde, à ce que l’autre finaliste soit Lionel Jospin, le Premier ministre. Celui-ci termine à la troisième place avec 16,2 % des suffrages. Le candidat socialiste est le chef du gouvernement depuis 1997. Cette année-là, le président Chirac dissout l’Assemblée nationale. La gauche l’emporte. Tout indique que son candidat le mieux placé en 2002 disputera le second tour face au président sortant.

Il n’en est rien. La dispersion des voix des électeurs de gauche sur pas moins de cinq candidats provoque l’élimination de celui qui était le mieux placé d’entre eux. Pourtant, ce courant politique totalise 32% des voix contre 24% aux deux représentants de la droite, Jacques Chirac et Alain Madelin.

La gauche absente au second tour

Pour la deuxième fois sous la Cinquième République, la gauche est absente du second tour de l’élection présidentielle. En outre, c’est la première fois que l’extrême droite y accède. La France n’est pas au bout de ses surprises.

Une autre première a lieu, la candidature de Christiane Taubira. Députée de Guyane depuis 1993, ancienne militante indépendantiste, elle est soutenue par le Parti radical de gauche, dont elle devient pour l’occasion la première vice-présidente. Une personnalité noire native de l’outre-mer à la conquête de l’Elysée : du jamais vu ! La faible implantation de sa formation politique et l’abondance des candidatures de gauche la handicapent fortement.

Elle obtient 2,3% des voix, terminant à la 13e place des seize candidats en lice, un record. En revanche, Christiane Taubira s’impose largement chez elle en Guyane, avec 52% des voix, sortant en première position. Elle sort en tête en Guadeloupe également avec 37% et troisième en Martinique avec 28%.

Taubira en tête en Guyane et aux Antilles

Christiane Taubira présidente des Antilles-Guyane, certainement. Elle y recueille le dixième de son résultat total. En incluant l’ensemble de l’outre-mer, elle totalise 13% des voix. Insuffisant pour arriver au second tour.

Le 5 mai, sans surprise, Jacques Chirac, avec 82% des voix écrase le candidat du Front national grâce à un front républicain appelé par la gauche. En Martinique, l’électorat se résout encore moins à voter à l’extrême droite. Ne serait-ce qu’en raison de ses positions racistes. Le président sortant obtient 96% des suffrages ici.

Autant que 1981, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, l’élection présidentielle de 2002 a été emplie de moments inattendus. Un certain basculement de la vie politique française s’est produit cette année-là. Nous en vivons encore les effets vingt ans plus tard, notamment l’abstentionnisme électoral, l’affaiblissement de la droite et de la gauche, ainsi que la montée de l’extrême droite. Vraiment, drôle d’année que 2002 !