Présidentielle : onze candidats pour un fauteuil inconfortable

Les onze candidats à la présidentielle, le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Onze personnalités sur un plateau de télévision et à la radio pour évoquer leur vision de la France et justifier leur candidature à la présidence de la République. Du jamais vu à ce jour. Est-ce à dire que nous avons assisté, ce mardi 4 avril, à un débat historique ?
Débat historique, le mot n’est pas trop fort. C’est bien la première fois qu’une confrontation a lieu entre tous les candidats à une élection présidentielle. D’habitude, la télévision organisait un duel entre les finalistes. En tout cas, et hormis celle de 2002 où le débat avait été impossible entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, depuis les élections de 1974. Un cap a été dépassé, la mise en scène de la vie politique faisant désormais partie de nos mœurs et de nos souhaits.
 
Historique aussi, ce débat l’a été par sa forme : près de 4 heures d’échanges entre les candidats disposés en cercle dans une ambiance plus conviviale qu’agressive, davantage pédagogique que dissuasive. Quelques moments de tension vite retombée, quelques rires et applaudissements ont ponctué l’exercice.
 
Il reste à savoir si l’attentisme des citoyens sera battu en brèche. Le tiers des électeurs ne sait pas encore pour qui voter. Or, il n’est pas certain que les 11 candidats incarnent 11 tendances idéologiques différentes. Des cousinages existent, des proximités sont réelles entre tel ou tel qui rendraient inutile une telle abondance de candidats. D’autant que certains d’entre eux ont quelques idées à faire valoir et non forcément une vision d’ensemble.
 
Bien entendu, nous pouvons être déçus de l’absence de référence à nos pays, sauf durant la conclusion. Philippe Poutou a déclaré que "la lutte du peuple guyanais est un exemple de la lutte contre l’exploitation capitaliste et l’accaparement des richesses ". À l’autre extrémité de l’échiquier politique, Emmanuel Macron a concédé qu’en Outre-mer, "l’égalité des chances n’est pas au rendez-vous". Soit ! C’est bien peu. Et ce, alors que la Guyane est sous tension et que Mayotte est en attente de tout. Nous sommes habitués à ces oublis de la part du personnel politique parisien.
 
L’essentiel, toutefois, est ailleurs. Quelle France pouvons-nous toutes et tous partager, là est la question. Quelle société devons-nous toutes et tous bâtir ou reconstruire, là est le problème.