La mise en "Pause du Plan Ecophyto" a une résonance particulière en Martinque après les dégâts engendrés par l'utilisation du chlordécone. Le Plan Ecophyto en Martinique vise principalement à réduire l'usage des produits phytopharmaceutiques (PPP), à encourager les pratiques agricoles durables et à sensibiliser les agriculteurs et le public à d'autres solutions.
Une "pause" spécifique
La stratégie pour réduire les PPP, s'appuie sur plusieurs axes : la formation et l'éducation des agriculteurs, le soutien à la transition vers des pratiques agricoles biologiques ou à faible utilisation de pesticides, et le renforcement du suivi et du contrôle des pratiques agricoles.
Des mesures spécifiques, comme les groupes de travail pour la réduction des pesticides (DEPHY Ferme) et les actions de surveillance de la qualité de l'eau, sont mises en œuvre pour atteindre ces objectifs. "Les herbicides représentaient plus de 80% des ventes, et en particulier le glyphosate avec une part de marché en 2019 égales à 47%" signale la DAAF, Direction de l'Alimentation de l'Agriculture et de la Forêt.
Quatre ans plus tard, les écologistes reconnaissent "qu'un travail important a été fait" pour réduire l'usage des PPP. Ils attendent des précisions sur une application spécifique aux Antilles de la "Pause Ecophyto" annoncée par Gabiel Attal, mais ils la dénoncent surtout.
Ce Gouvenement n'a pas de mémoire, avec cette ouverture sur l'utilisation des pesticides, nous avons l'impression de revenir en arrière. Ce n'est pas un bon signal pour nous, ni pour le monde agricole
Marie-Joseph SéllayeAsso Liannaj’ pou dépolié matnik
La "pause Ecophyto aura peu d’impact"
Les documents de la DAAF et de la Chambre d'Agriculture de Martinique mettent en lumière les progrès réalisés dans la mise en œuvre du plan Ecophyto.
"En quatre ans, les quantités de substances actives vendues ont chuté de 38%". Des réussites notables incluent une meilleure sensibilisation des agriculteurs aux enjeux environnementaux, une adoption accrue de pratiques agricoles durables, et une amélioration de la qualité de l'eau.
Depuis la crise du Chlordécone, l'agriculture martiniquaise a fait office de pionnière dans la pratique de solutions alternatives pour éviter l'utilisation d'herbicides comme le Glyphosate. On a déjà fait aujourd'hui un grand pas. La mise en pause du Plan Ecophyto n'aura pas beaucoup d'impact pour nous
José MauricePrésident de la Chambre d'agriculture
Aujourd'hui, selon la chambre d'agriculture, dans la majorité des champs de canne ou de banane (44 % des surfaces agricoles utilisées) les herbicides sont remplacés par des interventions humaines.
L'arrachage d'herbes ou la pose de pièges dans la canne pour lutter contre les nuisibles sont réalisés par des ouvriers. Mais le passage à des pratiques agricoles moins dépendantes des pesticides reste un défi.
Les coûts de transition et la nécessité d'assurer la rentabilité des exploitations agricoles sont d'autres obstacles à surmonter.
Cette mise en "pause" du Gouvernement n'a pas encore été clairement définie en Martinique. En 2019, le plan Ecophyto II + prévoyait des objectifs de réduction du recours aux produits phytopharmaceutiques de 25 % en 2020 et de 50 % en 2025.