La question est sur toutes les lèvres, à moins d’un an de la prochaine élection. Cette préoccupation est d’autant plus accrue que lors de la dernière réunion plénière de l’assemblée, la majorité s’est encore fissurée en public.
Alfred Marie-Jeanne dans l’œil du cyclone
En ligne de mire, le président du conseil exécutif, Alfred Marie-Jeanne, dont le caractère et les méthodes sont contestés aujourd’hui par plusieurs de ses alliés d’hier. Le plus virulent d'entre eux, est sans doute Jean-Philippe Nilor, l’ex poulain du patron de la CTM, qui s'est émancipé depuis (mais encore chef de la majorité Marie-Jeanniste).
Celui qui est victime à la fois de cécité et de surdité, ne saurait avoir une vision globale pour notre territoire (...). Au coeur du débat, c’est la question de la concertation (...). Le problème qui se pose réellement, c’est celui du respect entre nous (...).
Nous avons une collectivité qui doit fonctionner sur deux pieds : l’assemblée et l’exécutif (...). Voilà le résultat de cette conception autocratique du pouvoir, de cet esprit de diktat (...). Et c’est pourquoi cela va mal.
L’autre voix discordante et forte qui semble elle aussi s’être définitivement affranchie de la démarche du leader indépendantiste, c’est celle du président de l’assemblée, Claude Lise.
On a raconté à la population qu’on allait faire ensemble et dès le lendemain de l’élection, on a considéré qu’on avait été élu tout seul (...), un leader maximo qui décide de tout, tout seul.
Ce n’est pas du Marie-Jeanne "bashing" que de dire cela, parce-que j’ai tout fait pour aider cet homme.
Cette plénière mensuelle des élus de l’assemblée de la CTM aura cristallisé toutes les frustrations d’une partie de la majorité, ce qui inspire une seule question à l’opposition : "pourquoi se plaindre seulement maintenant" ?
Francis Carole, fidèle "soldat" d’Alfred Marie-Jeanne
"Sortir de l’impasse, discuter, échanger davantage", c’est ce qu’a proposé modérément Francis Carole lors de ces débats houleux du 30 juin et du 1er juillet 2020. Celui qui est en charge du social à la CTM a pris sa plume à froid, 5 jours après (dimanche 5 juillet 2020), pour distribuer ses mauvais points, dans une longue tribune publiée sur sa page Facebook, titrée "au nom de l’intérêt général", mais sans ménagement vis à vis des contestataires.
L’assemblée de Martinique est ainsi devenue, durant ces deux jours, un immense divan numérique où chacun s’épanchait en récits inattendus sur son moi : ses humeurs, ses chagrins, sa santé, ses humiliations (réelles ou supposées), tout ce qui remontait des abysses de l’ego.
"Quel intérêt ont-ils aujourd'hui...?"
« Pour donner l’impression de vouloir faire table rase d’un passé qu’on n’assumait plus, on devait se montrer encore plus virulent que les plus virulents, crier plus fort que Lordinot et Hajar, porter la haine à son incandescence la plus fourbe (...).
Quels intérêts avaient-ils à se taire aussi longtemps ?
Quels intérêts ont-ils aujourd’hui, à exposer publiquement leur indignation ?
Dans son post, après avoir fustigé longuement les frondeurs de son camp, ce qu’il qualifie de "stratégie, aussi aveugle que puérile (...)" et d’ajouter "le plus sûr moyen de ramener au pouvoir l’ancienne gouvernance", Francis Carole écrit encore :
L’affabulation théorique sur l’instauration d’une prétendue "dictature" n’est pas moins pitoyable.
Mais à la fin de ce qui s’apparente à un véritable réquisitoire, le conseiller souligne qu‘"une certaine tentation du pouvoir solitaire dans les mairies et les collectivités territoriales plus généralement -pas seulement en Martinique- reste une question posée et à résoudre."
Début de campagne ?
Au vu de ce contexte, c’est à se demander si la campagne n’est pas déjà engagée au sein de l’assemblée, tant les tensions sont vives. Nul doute qu'on assistera encore à des joutes épiques d'ici à la prochaine élection territoriale prévue en mars 2021.
Plusieurs prétendants supposés
Sur les réseaux sociaux et certains blogs, plusieurs noms circulent parmi lesquels, la sénatrice Catherine Conconne, le nouveau maire de Saint-Joseph Yann Monplaisir (actuel 1er vice-président de l’assemblée), le député du sud Jean-Philippe Nilor, ou encore le socio-professionnel Philippe Jock (actuel président de la Chambre de Commerce et d’industrie de Martinique).
Projection sur le 1er tour
Dans un document prospectif mis en ligne le 6 juillet 2020 sur son blog, l’analyste politique Olivier Ernest Jean-Marie, s'est livré à une projection arithmétique sur le 1er tour de ce scrutin de liste.
Selon le blogueur, c’est EPMN (Ensemble Pour une Martinique Nouvelle dont fait partie le PPM), qui pourrait arriver en première position, avec une majorité relative de près de 40% des suffrages, devant le mouvement Péyi-A et le MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais) d'Alfred Marie-Jeanne.
(Détails sur ce lien → : oejm.net)
Des élections communautaires scrutées
Les élections des EPCI (communautés d’agglomérations) à compter de ce samedi 11 juillet 2020, devraient livrer de nouvelles indications sur la mutation du paysage politique martiniquais, amorcée lors des dernières municipales.
De nouvelles alliances pourraient en effet se former pour la conquête, ou la reconquête de l’hôtel de Plateau-Roy à Cluny. Pour l’instant, il y a des tractations qui se dessinent, des yeux doux lâchés, et de potentiels têtes de liste encore en embuscade.