Réforme des retraites : les infirmiers libéraux de Martinique déterminés à faire entendre leur pénibilité

Les syndicats sont toujours vent debout contre la réforme des retraites. A la faveur du soutien d’une majorité de la population d’après les sondages (7 français sur 10), les organisations annoncent désormais une mobilisation renforcée voire reconductible, afin de faire reculer le gouvernement avec ce projet de loi actuellement débattu au Sénat, dans le cadre de la navette parlementaire.

Comme les fois précédentes, il faut s’attendre à des perturbations ce mardi 7 mars 2023. Les "infirmiers libéraux en colère", font partie des corps de métier plus que jamais déterminés à faire prendre conscience à l’Etat, de la pénibilité que génèrent leurs pratiques quotidiennes.

"L’âge de la retraite est de 67 ans"

La pénibilité du travail est réelle ! Nous manipulons des patients plus ou moins lourds, plus ou moins grabataires mais ce n’est pas reconnu en tant que tel. Malgré les aides qui sont à notre disposition, nous forçons. De nombreuses infirmières souffrent de pathologies du rachis, des articulations, des membres supérieurs ou inférieurs. Nous travaillons tôt le matin et/ou finissons tard le soir. L’âge de la retraite est de 67 ans selon la CARPIMKO [caisse de retraite des libéraux]. L’espérance de vie d’une infirmière est diminuée de 7 ans par rapport aux autres personnes dans notre pays. Pensez-vous vraiment que nous continuerons jusqu’à cet âge-là à manipuler des patients ?  

Association Infirmiers Libéraux en Colère

La section locale de ce Collectif d’IDEL a donc interpellé directement le Chef de l’Etat, Emmanuel Macron, via des centaines de feuilles de soins et en prenant à témoin l’opinion.

"Nous représentons le lien"

Nous, infirmières, infirmiers libéraux, nous relayons 365 jours par an pour assurer le maintien, le retour à domicile de vos ainés, de vos enfants, de vos proches mais aussi l’accompagnement jusqu’au dernier souffle pour d’autres. Nous sommes parfois l’une des seules personnes que les patients voient au cours de leur journée. Nous représentons le lien avec le médecin, la famille (s’il y en a !), l’assistante sociale, la mairie (pour les portages des repas), les pharmacies, les laboratoires.

Les IDEL (Infirmiers Diplômés d’Etat Libéraux)

"Notre rôle ne se limite pas seulement à soigner"

La prise en charge que nous faisons dépasse souvent le cadre de travail qui nous est imposé par la nomenclature, parce-que nous sommes humains ! Notre rôle ne se limite pas seulement à soigner, mais à informer, rassurer les familles ou encore coordonner les soins.

Association Infirmiers Libéraux en Colère

Les IDEL profitent de cette contestation de plus en plus marquée, pour faire passer leurs autres doléances, telles que le tarif des soins.    

Le saviez-vous (...), son déplacement à domicile est facturé 2,50€ bruts depuis 2012. Ces actes infirmiers n'ont pas été revalorisés depuis 2009 malgré une inflation de 20%.

Les IDEL

En comparaison, les libéraux observent que "le coût du déplacement des kinésithérapeutes s’élève à 4€. Le coût du déplacement des médecins, en fonction de l’horaire d’intervention, varie entre 10€ et 43,5€". Ils ajoutent que "si rien ne bouge, c'est la mort programmée de cette profession qui arrivera. Une société sans infirmiers libéraux, c'est la santé de ville qui prend de l'eau (…), c'est l'hospitalisation illico". 

Selon nos informations, en Martinique, le collectif "Infirmier Libéraux en Colère" a également adressé des mails et courriers aux élus locaux (députés, sénateurs, maires, Président du Conseil Exécutif de la CTM, Président de l’Assemblée Territoriale, Président de la commission Santé de la Collectivité majeure). "Seul le député Marcellin Nadeau nous a reçu pour l’instant" affirmait le Collectif à la date du 25 février 2023.

Et pour bien signifier leur résolution, les blouses blanches iront donner symboliquement leur sang, le jeudi 9 mars 2023 à l’EFS (Etablissement Français du Sang), au CHU de Fort-de-France.

Ce collectif lequel se dit "asyndical", a par ailleurs lancé sur change.org une pétition nationale, précédée d’une lettre ouverte détaillant les difficultés évoquées précédemment. Pour y accéder, CLIQUEZ ICI.