REVOIR. "Tout en doc" : un plongeon inédit au cœur de la prostitution en Martinique

Les jeunes femmes sont dans les rues du quartier Terres-Sainville (Fort-de-France) le soir.
Elles viennent de République Dominicaine, du Venezuela ou encore d’Haïti. Pour ces migrantes la prostitution est une activité vécue comme l’ultime recours pour survivre, échapper à la pauvreté et aux violences de leur pays. Le documentaire de 52 minutes de Sohée Monthieux, "En Martinique, pas pour le plaisir : De l'exil à la prostitution", est à (re)voir dans "Tout en doc".

Au cœur de Fort-de-France, le quartier des Terres-Sainville concentre une forte population migrante à très bas revenus, principalement originaire des îles voisines, à commencer par la République dominicaine, Haïti, Sainte-Lucie, du Venezuela et de Colombie.

Ces immigrés souffrent d’un habitat vieillissant et insalubre, d’un manque de services et de commerces, et font face quotidiennement à la violence et aux trafics.

De nombreuses femmes, ayant fui la pauvreté pour "un avenir meilleur" en Martinique, finissent par s’y prostituer pour survivre. Les raisons de l'exercice de cette activité sont souvent économiques, liées aux difficiles conditions de vie dans leur pays d'origine.

Après la diffusion du documentaire, Stéphanie Octavia a reçu en plateau, Lavinia Ruscigni, du Mouvement du Nid Martinique.

Cliquez ICI pour revoir l'émission Tout en doc "En Martinique, pas pour le plaisir : De l'exil à la prostitution"

Une jeune femme témoigne concernant la prostition en Martinique.

Les Martiniquais et les Martiniquaises, ainsi que leurs administrations, ont tendance à établir un lien entre migrantes hispanophones et prostituées, stigmatisant encore davantage ces victimes.

Souvent mères célibataires, âgées majoritairement de 30 à 47 ans, surendettées et isolées, ces femmes ont un faible niveau de français et méconnaissent leurs droits et les aides auxquelles elles pourraient prétendre.

Pour pallier le manque de dispositifs d’aides adaptées à leur situation, des citoyennes engagées au sein principalement de l’antenne martiniquaise du Mouvement du Nid et de la Croix-Rouge suivent et accompagnent ces femmes tout au long de leur parcours pour sortir de la prostitution.

Nous sommes peu sur le territoire à nous soucier de l’avenir de ces femmes. Nous nous sommes naturellement connectées. Le Nid, en tant qu’association, accueille les femmes, leur propose des cours de français et de l’aide administrative, puis nous les redirigeons vers le programme de parcours de fin de prostitution de la Croix-Rouge. Elles choisissent d’y rentrer ou pas.

Lavinia, déléguée départementale du Mouvement du Nid

Face à l’augmentation des flux migratoires depuis 2020, ces deux associations ont davantage resserré leurs actions. À ce jour, elles accompagnent une cinquantaine de prostituées. Ce film suit leur engagement auprès de celles qui ont choisi d’essayer de "s’en sortir". Un tournage en immersion qui capte au plus près le travail de l’ombre de ces structures, leurs combats contre les discriminations, l’isolement et les traumatismes, mais également leurs victoires, petites ou grandes, du quotidien.

Un plongeon inédit au cœur de la prostitution en Outre-mer, un milieu encore méconnu et ignoré, où les violences faites aux femmes atteignent des chiffres de plus en plus élevés.

 

"En Martinique, pas pour le plaisir : De l'exil à la prostitution"
Auteure et réalisatrice : Sohée Monthieux
Production : Une Prod à Soi - Avec la participation de France Télévisions -Directeur des contenus du pôle Outre-mer : Laurent Corteel - Directeur adjoint des contenus, en charge des magazines et des documentaires : Sophiane Tilikete - Directrice adjointe des contenus, en charge de la visibilité des programmes Outre-mer : Christelle Lefrançois - Responsable de programmes : Gabrielle Lorne - 2023