Le scandale de l'amiante frappe des habitants d'Ajoupa-Bouillon

La cité Grenade à Ajoupa-Bouillon
Les habitants de la cité Grenade à Ajoupa Bouillon, sont frappés de plein fouet par le scandale de l’amiante. Ils se battent pour rénover leur habitat mais ils n'ont pas de moyens suffisants. Pire, ces familles n’ont jamais eu de titre de propriété.
Les habitants de la cité Grenade, à Ajoupa Bouillon, sont frappés de plein fouet par le scandale de l’amiante. Depuis de longues années, ces derniers se battent pour rénover leur habitat. Toutes leurs démarches se sont avérées infructueuses. Bien trop cher pour ces foyers à revenus modestes. Mais ce n’est rien comparé à l’autre difficulté à laquelle ils sont confrontés. Ces familles n’ont jamais eu de titre de propriété alors qu’elles ont acheté et payé pour leurs logements.

Ajoupa Bouillon, ville fleurie du Nord Atlantique de Martinique


L’image de la carte postale est désormais ternie par le scandale de la cité Grenade. Tout cela, à cause de l’amiante présent dans les maisons. Rose-Marie est l'une de ces résidentes. Comme la plupart de ses voisins, son quotidien est devenu un enfer : "Quand il pleut, ça coule beaucoup. Et j’ai pas mal de problèmes dans la maison. Et quand je dis ça, je me sens angoissée"...

Cette angoisse, Rose Marie vit avec depuis de très longues années. Cette propriétaire à la retraite, a tenté bien des fois, de désamianter sa maison et de la rénover. Mais celle-ci s’est retrouvée face à un autre problème de taille : l’absence de titre de propriété. "À cause de l’amiante, on nous dit qu’on ne travaille pas avec l’amiante. Et même si certaines entreprises veulent bien travailler pour nous, elles ne le peuvent pas, car nous n’avons pas de titre de propriété". Rose Marie n’est pas seule dans cette situation incroyable.
De l'amiante dans cette maison de la cité Grenade à Ajoupa-Bouillon
Plusieurs résidents de la cité Grenade à Ajoupa Bouillon subissent le même calvaire. La plupart sont à la retraite et ont acquis leur maison en location vente. Tous ont honoré leurs dettes et fini de payer. Pourtant, sur le papier, rien ne mentionne qu’ils sont propriétaires, au grand désespoir de Laure. "Je ne suis pas locataire, car j’ai déjà fini de payer la maison, depuis 2002. Et jusqu’à présent, on n’a pas de titre de propriété. Sur le papier, c’est écrit le nom d’Ajoupa Bouillon, et non mon nom". Nous avons tenté de joindre le maire Maurice Bonté, afin de savoir quand la situation des propriétaires serait régularisée, mais il est absent actuellement.

On est en train de tout perdre à cause de l’amiante. Je tousse, je tousse, je tousse


Lorsqu’ils ont signé le contrat de location vente, les résidents de la cité Grenade ne savaient pas que leurs maisons contenaient de l’amiante dans les faux plafonds et les murs intérieurs et extérieurs. Mais depuis, le rêve s’est transformé en cauchemar pour toutes ces familles, comme celle de Gaëlle. "L’amiante et la moisissure ont fait des champignons dans ma chambre.

Le maire avait dit qu’il réparerait. Mais il ne fait rien du tout. On est en train de tout perdre à cause de l’amiante. Je tousse, je tousse, je tousse. Et pourtant, je ne suis pas malade, je n’ai pas de problème de santé". 
En revanche, Laure voit sa santé se dégrader."Est-ce qu’on peut rester dans cet état-là ? Je pense que c’est ce qui me rend malade...quand je pense à toute cette souffrance-là !"
La plupart des maisons ont été construites avec de l'amiante dans ce quartier d'Ajoupa-Bouillon

Santé et environnement menacés


Il faut compter en moyenne 20 000 euros hors taxes, pour désamianter une habitation. La DEAL (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Martinique), propose des aides financières pour l’amélioration de l’habitat. Mais le montant ne dépasse pas 4 500 euros. Largement insuffisant pour les foyers à revenus modestes. Certains propriétaires ont donc préféré abandonner leur maison, pour aller se reloger ailleurs.

Quelques-uns ont été plus chanceux et ont pu rénover leurs habitations, après avoir économisé pendant des années. Seulement voilà, ces maisons en question, n’ont pas été désamiantées, tout simplement parce qu’il n’existe pas vraiment de filière de désamiantage, en Martinique. Une question se pose alors : que sont devenus les déchets amiantés? Bien évidemment, ils ont atterri dans les poubelles, ou ont été enfouis dans le sol, voire abandonnés sur le bord des routes.

Ce gros pavé dans la mare fait plutôt tâche, et surtout menace notre environnement et notre santé. Interdit depuis 20 ans en France, l’amiante est pourtant présent dans de nombreux logements et équipements. La cité Grenade à Ajoupa bouillon, n’est pas un cas isolé.
Certains tentent de rénover tant bien que mal
Plusieurs habitants sont obligés d'abandonner leurs maisons
Une des maisons de la cité Grenade à Ajoupa-Bouillon