Les visages sont fermés. La peine en étendard. Celle qui reste bien vissée au coeur des hommes le temps d'un hommage. Ce n'est pas le temps des larmes. Elles couleront plus tard.
Leur premier devoir, saluer le départ du Sergent José Moutama, mort en service commandé le dimanche 8 mars 2020.
Saluer le collègue, l'ami, le frère, l'époux et le père de famille. La tête haute, digne. Pour lui. Parce qu'il n'aurait pas voulu faire pleurer ses frères et soeurs d'armes. Lui qui aimait tant les écouter. Dans la discrétion et l'empathie.
Un maillon d'une même chaîne fraternelle
Des hommes et des femmes, tous sapeurs-pompiers volontaires ou professionnels soudés par la même peine. Perdre l'un des leurs. Un maillon d'une chaîne d'union fraternelle, celle des soldats du feu s'est cassée. À jamais. À leurs côtés, sa famille, une épouse brisée par le chagrin, ses quatre enfants, les proches, les amis.
La Marseillaise est jouée. Le rituel de la cérémonie s'ouvre. Un "garde à vous! " brise le silence.
Les hommes se tiennent droits, les bras le long du corps, les talons joints, la tête haute, immobile. Les mains claquent sur les cuisses. Les rangs sont au même diapason. Gradés ou pas. Tous égaux devant la mort.
Le sablier du temps qui passe s'est arrêté pour le Sergent José Moutama.
Sapeur-pompier volontaire depuis 17 ans
Lui l'homme engagé, l'homme de convictions, volontaire depuis 17 ans. Il a, sous le commandement du Lieutenant Patrick Marie-Sainte, ouvert la caserne des sapeurs-pompiers de Schoelcher en 2003. Ensemble avec les premières équipes de volontaires et de professionnels. Pas à pas. L'unité est aujourd'hui composé de 76 agents.
Je me souviendrais toujours des cris de joie poussés par la première équipe de la caserne de Schoelcher, 24 volontaires dont José Moutama et 12 professionnels, lorsque nous avons effectué notre première intervention ensemble le 20 novembre 2003.
- Lieutenant Patrick Marie-Sainte commandant de la caserne de Schoelcher.
Après la remise de médailles à titre posthume (cf encadré), le discours du préfet de Martinique Stanislas Cazelles a salué l'humanité de José Moutama.
L'enfant du pays, l'enfant de la République, respectueux, dévoué, discret, un pilier de la caserne de Schoelcher arraché à l'affection des siens. Par son courage et son dévouement, il fait partie de l'âme de la France.
- Stanislas Cazelles préfet de Martinique. 14 mars 2020.
Le colonel Patrick Tyburn, directeur départemental du SDIS, saluera le Sergent José Moutama avec une grande émotion.
Il avait de grandes qualités humaines. Le Sergent Moutama est un homme qui va nous manquer encore plus en ces moments de troubles mondiaux. Nous avons besoin d'hommes comme lui, humains et engagés.
Dans les rangs des sapeurs-pompiers de la caserne de Schoelcher, les coeurs se libèrent. Les larmes coulent. Des visages s'enfouissent dans les mains. Et puis ce moment presque magique. Une ronde se forme. Les mains se serrent et se lèvent au ciel.
Une nouvelle chaîne d'union fraternelle s'est reformée à la caserne de Schoelcher, le Sergent José Moutama est entré dans le coeur des hommes. À jamais. À la suite de l'hommage républicain, les funérailles de José Moutama se sont déroulées au temple évangélique de Chateauboeuf.
Remise de médailles à titre posthume au Sergent José Moutama
Pendant l'hommage républicain, le Sergent José Moutama, mort en service commandé a été fait Chevalier dans l'Ordre national du mérite.Il a reçu ce samedi 14 mars 2020 les médailles suivantes :
- Médaille de la sécurité intérieure.
- Médaille d'honneur pour Acte de Courage et Dévouement.
- Médailles d'honneur pour services exceptionnels.
- Médaille d'honneur des sapeurs-pompiers Grand Or.
- Médaille Fédérale Or