Le renouvellement du personnel politique, tel attendu, n’a pas eu lieu. C’est le premier enseignement de ces élections placées sous le signe de l’incertitude. Presque tous les candidats étaient largement connus, du fait de la multiplicité de leurs mandats électifs et de leurs responsabilités exercées par le passé et au présent.
De plus, les deux sénateurs élus ont une longue expérience politique et une visibilité ancienne. Catherine Conconne a été conseillère générale, adjointe au maire de Fort-de-France, première vice-présidente du Conseil régional. Frédéric Buval, militant socialiste de longue date, est maire de La Trinité après avoir été vice-président du Conseil général.
Il ne s’agit pas de têtes nouvelles, loin s’en faut. En revanche, l’équation personnelle a été déterminante. Catherine Conconne a su fédérer bien au-delà de son cercle initial. Elle ne pouvait compter que sur huit élus de sa formation, La Martinique ensemble, mais son ancienne appartenance au PPM et son positionnement dans l’espace public lui confèrent une aura certaine.
Le PPM sort affaibli de cette séquence
La seconde leçon importante est celle de l’affaiblissement du Parti Progressiste Martiniquais. Il n’aura aucun sénateur depuis l’élection de Rodolphe Désiré 1986. Lui ont succédé Claude Lise en 1995, Serge Larcher en 2011 et Catherine Conconne en 2017. Ce revers va se traduire par quelques remises en cause en interne, et avec ses alliés, quant à la stratégie suivie.
Pour autant, les cartes du jeu politique sont quelque peu rebattues. C’est le troisième enseignement de ces élections qui ne passionne pas les foules, et pour cause. Une certaine amorce de recomposition du paysage politique s’opère. Nous voyons se dessiner un axe Buval-Azérot qui ne fait pas l’affaire du PPM.
Le nouveau sénateur a été très tôt soutenu par le maire de Sainte-Marie, d’autant plus aisément que ce dernier considère avoir reçu un camouflet de la part du PPM aux législatives de 2022. Le candidat qu’il soutenait, Jean-Baptiste Rotsen, n’avait pas été aidé comme il se devait par les dirigeants progressistes. Bruno Nestor Azérot estime leur avoir rendu ce qu’il a considéré comme une gifle.
Une amorce de recomposition
Plus signifiant, nous constatons la confirmation de l’émergence des deux plus récentes formations politiques, La Martinique Ensemble de Catherine Conconne et Péyi-a de Marcellin Nadeau et Jean-Philippe Nilor. Elles avaient effectué une percée remarquée aux élections territoriales de juin 2021 et aux législatives de juin 2022.
Ces deux formations confirment leur lente progression sur l’échiquier politique, même s’il s’agit de l’élection de deux sénateurs, en comité restreint, par définition. Néanmoins, ce frémissement est à suivre pour les futures échéances électorales, les municipales en 2026 et les territoriales en 2028.