Silence, un film sur la meneuse de revue Lisette Malidor, se tourne

Lisette Malidor une grande figure artistique
La meneuse de revue au Casino de Paris, au Moulin Rouge et aux Folies bergères Lisette Malidor est sur les feux de la rampe. Le réalisateur Pierre-Yves Hampartzoumian tourne un documentaire produit par Barcha Bauer retraçant le parcours de celle qu'on appelait la nouvelle "Josephine Baker".

L’artiste Lisette Malidor, meneuse de revue des grands lieux de spectacles parisiens, comédienne et interprète n’est pas venue au monde avec une cuillère en argent à la bouche.
La Martiniquaise née en 1944, d’une fratrie de 8 enfants a connu les affres de la solitude, du déracinement et du racisme, mais aussi la réussite sous les feux des projecteurs et des paillettes.
Cinquillo Films a décidé de produire un documentaire sur cette femme exceptionnelle.

De gauche à droite / Lyne Rose Beuze, Lisette Malidor, Johanna Malka Auguiac et le réalisateur Pierre Yves hampartzoumian

C’est en voyant un ami en photo avec une magnifique femme noire, que j’ai découvert pour la première fois Lisette Malidor qui dégage une classe incroyable. Ce portrait documentaire retrace son parcours exceptionnel. Comment a t-elle vécu son identité par rapport au monde du spectacle. Comment en tant que femme noire, Antillaise, s’est t-elle retrouvée confrontée dans le monde du Music-hall, du cinéma ou du théâtre.

Pierre-Yves Hampartzoumian - Réalisateur

une scène de tournage avec Lisette Malidor

Lisette Malidor découvre la France dans sa complexité

Dans les années 50, Lisette Malidor passe son enfance à faire mieux que les autres afin de prouver ses capacités. Sous l'influence d’une tante qui avait travaillé à Paris comme cuisinière, elle s’embarque seule à 14 ans sur un cargo pour rejoindre à la capitale son employeur, un notaire de Pontoise.

Lisette Malidor s’occupe des enfants et découvre une autre culture, mais aussi l’éloignement et l'exil. Malade, elle rejoint son oncle à Paris. Pour gagner sa vie, elle multiplie des petits travaux, à l’usine pour trier des piles ou comme domestique dans une famille de médecins.

Concomitamment, elle se forme et obtient le diplôme d’esthéticienne et de coiffure, mais est confrontée au racisme, car les bourgeoises des salons parisiens refusaient d’être touchées par une femme noire.

Une constellation de rencontres providentielles

Lisette Malidor est décidée à surmonter les obstacles. La rencontre avec Jacques Valèze lui ouvre les portes de la coiffure. Ce patron charismatique (proche des communistes) au tempérament fort, embauche la Martiniquaise, faisant un pied de nez aux racistes.

C'est aussi dans ce salon que le responsable d’une société, M. Leblanc qui s’occupait de la vente de tous les programmes et toutes les glaces des théâtres de Paris l’a fait embaucher comme vendeuse au Casino de Paris.

Lisette Malidor en revue

De la Martinique aux lumières de Paris, Lisette brille

Nul ne pensait qu’elle aurait un jour évoluer au Casino de Paris. La rencontre avec Roland Petit est déterminante. Repérée par celui-ci, elle intègre la revue au prix d’un travail colossal. Chacune de ses apparitions est ponctuée d’applaudissements comme pour Zizi Jeanmaire. Au départ de cette dernière, Lisette Malidor est adoubée. Voilà la Martiniquaise qui fascine. "La nouvelle Joséphine Baker" titre la presse.

Quand la diaspora se rencontre De gauche à droite Henri Salvador, Lisette Malidor, Paulo Rosine

Durant 7 ans, elle brille au Casino de Paris avant de fouler la scène du Moulin Rouge comme meneuse de revue tête d’affiche. Son nom résonne dans le Tout-Paris, la voilà déclamant du Claudel tout en étant meneuse de revue.

Après le Moulin Rouge, les Folies Bergères lui ouvrent ses portes. Parmi ses moments inoubliables "Zizi je t’aime", revue de Roland Petit, "Follement", revue au Moulin-Rouge mise en scène par Ruggero Angeletti, "Folies de Paris" aux Folies Bergères, revue mise en scène Michel Gyarmathy.

Lisette Malidor lors d'un tournage de film

Lisette Malidor au théâtre comme au cinéma

Son charisme, son jeu scénique ne laissent pas insensible. Le cinéma, la télévision, le théâtre s'intéressent à elle et les rôles sont nombreux. Elle tourne en 1979, "Zoo zéro" d’Alain Fleischer, puis deux ans plus tard, "Le Roi des cons" de Claude Confortès.

En 1982, elle campe le rôle de Mariline dans "La Truite" de Joseph Losey. Elle enchaîne avec "Ronde de nuit" de Jean-Claude Missiaen. En 1988, elle est à l’affiche de "Contrainte par corps" de Serge Leroy et 4 ans plus tard elle joue dans "Siméon" d’Euzhan Palcy. Toujours présente, on la retrouve en 2004 dans "Ne quittez pas" d’Arthur Joffé.

Tournage du documentaire sur Lisette Malidor

En 2013, elle est dans "Les Milandes : le troisième amour de Joséphine Baker", documentaire télévisé diffusé sur France 5 de Marie-Christine Gambart, commentaires de Patrick Poivre d’Arvor et lecture par Lisette Malidor. En 2019, elle joue le rôle d’une grand-mère dans "Mon frère" de Julien Abraham.

Durant 4 décennies, Lisette Malidor a joué des œuvres de Paul Claudel, Henri-René Lenormand, Jean Genet ou encore Eve Ensler. Elle a travaillé avec de nombreux metteurs en scène (Anne Delbée, Benjamin Jules-Rosette,Olivier Messiaen).

Lisette Malidor,,Johanna Malka Auguiac, et Barcha Bauer

Ce portrait documentaire retrace le parcours exceptionnel de Lisette Malidor. De ses débuts modestes à sa consécration sur les scènes mythiques. Ce documentaire est riche en témoignages. À travers cette réalisation, nous célébrons Lisette Malidor, une icône, une artiste multidimensionnel qui a enchanté les spectateurs du monde entier.

Barcha Bauer - Producteur