Stress et angoisse : des salariés du CMPAA dénoncent une insécurité grandissante

Les bureaux du CMPAA à Fort-de-France.
Depuis deux mois, des salariés du CMPAA (Comité Martiniquais de Prévention en Alcoologie et Addictologie) exercent leur droit de retrait. Ils dénoncent des conditions de travail "inhumaines, mais aussi et surtout un climat d’insécurité croissant à cause des comportements agressifs de certains patients".

Situation pour le moins chaotique au CMPAA, 45 rue Galliéni en plein cœur de Fort de France. Peur et anxiété rythment le quotidien des salariés, à telle enseigne que certains ont fait valoir leur droit de retrait. Ce centre de soin existe depuis 1974 et accueille des personnes en difficulté, des consommateurs de drogue, de psychotropes ou d’alcool.

Des troubles multiples

Un public compliqué qu’il est difficile par moments de canaliser. Ce sont des errants ou des personnes avec des problèmes d’ordre personnel.

Nous recevons un public en difficulté, avec des comportements agressifs envers le personnel, mais aussi envers d’autres patients. C’est une ambiance de travail particulière. Nous avons peur. Ce sont des conditions difficiles. On tente d’assurer la solidarité entre nous quand des patients ont des attitudes et postures instables envers le personnel. C’est vraiment un climat de peur. Ils nous identifient et peuvent par moments nous attendre à l’extérieur pour nous intimider.

Un agent qui souhaite garder l'anonymat

Patients et personnels sont victimes d’agressions verbales, d’intimidations physiques aux abords du centre ou dans les locaux.

Une structure logée dans un bâtiment vieillissant et non adapté

Des locaux pour le moins exigus abritent le Comité Martiniquais de Prévention en Alcoologie et Addictologie, avec une porte d’entrée et de sortie comme unique issue de secours. Le bâtiment est vétuste et date de plus de 80 ans.

Une salle de réception des patients d’à peine 7m² sert de lieu d’accueil.

Difficile dans ces conditions pour le personnel d’être apaisé et d’assurer de la manière la plus sereine sa mission d'accompagnement des patients.

Cela nous est déjà arrivé de recevoir des personnes en total état d’ébriété. Ce sont des personnes qui ont des parcours de vie difficiles et elles arrivent avec tout leur bagage émotionnel. Il nous faut aussi gérer cela. Des menaces de mort ou de viol ont notamment été faites à l’encontre de la femme de ménage. Il est grand temps que la direction prenne en charge ce dossier qui n’a que trop duré.

Témoignage d'un autre agent

Une hiérarchie qui semble jouer la carte du silence

"Un climat d’insécurité connu visiblement par la direction et le conseil d’administration de la structure" affirment ces salariés, mais à ce jour rien ne bouge. Cette situation perdure et visiblement ne trouve pas écho auprès de la hiérarchie.

Nous avons eu l’occasion d’évoquer ces états de faits à plusieurs reprises à la hiérarchie lors de réunions, mais à ce jour aucune réponse satisfaisante pouvant nous garantir un minimum de sécurité. Nous sommes en droit de retrait depuis maintenant deux mois et nous n’avons à ce jour perçu aucune indemnité. Nous avons effectué des démarches au niveau de la CGSS qui nous a garanti qu’à son niveau le nécessaire sur le plan administratif a été fait, mais toujours pas retour de l’employeur.

Un agent

Pour l'instant, l'employeur ne communique pas.