On pourrait l’appeler la tour des miracles. À MFME (Maison de la Femme, de la Mère et de l'Enfant) de Martinique, on donne la vie. Mais en quelques jours, l’image arc-en-ciel a basculé en noir et blanc.
Des témoignages glaçants sont apparus sur les réseaux sociaux. Une page Instagram a été créée pour répondre à un malaise.
Quand j’ai vu la page Instagram, je me suis dit, "enfin la parole est libérée". L’omerta est terminée. On peut raconter tout ce qu’on a vécu. J’ai pu témoigner, j’étais contente. Ça m’a bien soulagé.
Une élève sage-femme
Manuela et Sophie, deux élèves sage-femme sont au téléphone. L’une est diplômée cette année, un soulagement après trois redoublements. Elle ne reviendra pas en Martinique. Elle ne souhaite pas être reconnue. Comme toutes ces femmes rencontrées, elles craignent des représailles.
Des témoignages sur les réseaux sociaux
"Balance ta sage-femme", une page Instagram qui rassemble des dizaines et des dizaines de témoignages aussi cinglants les uns que les autres. La terreur, le manque d’accompagnement, le dénigrement...
Sophie a 24 ans. Elle est passionnée par la femme et la naissance. Ce métier de sage-femme, elle en a toujours rêvé. Mais, depuis le début de son cursus, sa santé mentale est devenue fragile. Elle est aujourd’hui suivie par un psychologue. Elle a décidé de partir à Toulouse pour effectuer ses deux dernières années.
J’ai choisi de faire ses études en Martinique pour rester près de ma famille parce que de base les études de sage-femme, c’est une profession médicale et ce n'est pas évident. Ce sont des études lourdes. Au final, je suis obligée de partir de cette école pour aller mieux.
Sophie, une élève sage-femme
Entre humiliation et harcèlement moral, tout serait fait pour saper le moral de ces futures sages-femmes. La directrice n’a pas souhaité s’exprimer, nous renvoyant à la direction du CHUM. Nous attendons toujours une interview de l’hôpital. L'ARS s’est déchargée de toute responsabilité. Un système opaque où le silence est d’or depuis des années. La terreur est érigée en système. 14 années après son cursus, Valérie est encore perturbée. Traumatisée par ce qu’elle a vécu, elle a choisi d’exercer en libéral.
Jamais, elle n’avait parlé de ce malaise. Pourtant à son époque, toutes ses camarades sont sous antidépresseurs. Les gardes sont terrifiantes, disqualifiantes. Quatorze semaines à réaliser en un an. Pourtant, c’est à ce moment que la pression est plus forte.
Dans un contexte sanitaire fragile, où le personnel de santé manque, ces révélations sont un séisme dans le monde de la santé. De quoi dissuader les plus motivés.