Tour de Martinique en yoles rondes 2022 : un yoleur est un sportif de haut niveau

Yoleurs de l'embarcation Gfa Caraïbes.
Pendant 8 jours consécutifs du Tour de Martinique en Yoles Rondes, les équipiers peuvent passer jusqu’à 9 heures sur la mer à affronter les vagues, les vents forts, le soleil et la pluie. Sur ces embarcations, les équipiers sont en mouvement constant pour assurer la stabilité du bateau. L’endurance, l'agilité et la concentration sont primordiales.

Le Tour de Martinique en Yoles Rondes est sans doute l’événement sportif de l’année. En 2022, avec le prologue et les 7 étapes, les équipages effectuent au moins 150 miles nautiques en 8 jours.  

L'endurance, l'agilité et la concentration des yoleurs.

500 coursiers au sommet de leur forme

Un équipier d’une yole ronde doit être vraiment en forme. Cette embarcation sans lest, sans dérive ni gouvernail, à faible tirant d'eau est l’une des plus difficiles à naviguer. On n’y trouve aucun treuil mécanisé à bord pour donner du mou et tendre la voile. 

La yole navigue à la force des bras des équipiers hommes et femmes. Pendant une course, la concentration est élémentaire. 

Le patron, seul maître à bord, doit rester concentré pendant des heures. C’est lui qui décide de la stratégie de chaque course et d’éventuels changements de tactiques. Ses capacités mentales et physiques sont la clé de la réussite.

Ses aides, les gros bras qui contribuent à maintenir la Tet pagaie sont dotés d’une forme physique de haut niveau. Quand le vent disparait il faut se servir de la pagaie pendant ces périodes d'accalmie pour faire avancer la yole.

La yole Ufr / Chanflor dans la 2e étape vers Trinité.

Le changement de tension au niveau de la voile est fait manuellement sans l’aide d’un treuil. C’est le manœuvrier d’écoute qui est responsable du cordage. Il doit rester à l’écoute des instructions du patron.

Les bwa-dressés qui assurent l’équilibre de la yole sont en mouvement constant. Quand le vent se lève, ils sont perchés sur les extrémités des longs morceaux de bois, parfois avec les jambes suspendues sur la mer.  

Ils sont agiles. Lorsque le vent s'arrête, ils doivent revenir rapidement vers la yole afin de maintenir sa stabilité. Quand la yole est bien équilibrée, elle avance à une vitesse régulière.

Le premier dresseur, le plus en avant de la yole, représente les « yeux » du patron. Il lui signale les rafales de vent et la proximité des autres yoles. Sa concentration est permanente.

À chaque changement de bord, avec beaucoup de souplesse, les bwa-dressés doivent transférer les bois leviers de l’autre côté de l’embarcation.

Et quand elle coule, c'est à force des bras que la yole est redressée, souvent en pleine mer.

La yole en équilibre.

Préparation physique et mentale

Aujourd’hui les équipages sont l'objet de préparations physiques comme n’importe quel athlète de haut niveau. Il y a des entraînements en salle, des séances de kinésithérapie, des soins d'ostéopathie, même la cryothérapie. Certaines engagent un coach mental pour maintenir la motivation.

Les kinésithérapeutes sont dans les équipes de yoles.

Naviguer sur une yole peut entraîner de grosses blessures. La répétition des gestes en mer, en toutes conditions, est au programme des préparations.

Les efforts physiques des yoleurs et les entraînements sont aussi intenses que ceux des athlètes qui participent aux compétitions considérées comme les plus dures au monde. Les yoleurs de Martinique sont aussi entraînés que les participants à Ironman, aux Ultramarathons dans les conditions extrêmes et même le Tour de France cycliste...