Officiellement, l’objectif de la transatlantique à la voile entre Le Havre et Fort-de-France parrainée par une grande marque de café est d’attirer les regards sur notre destination en donnant une image positive de notre île afin de renforcer son attractivité. C’est, en résumé, le jargon technocratique utilisé par les dirigeants de notre politique touristique.
Ne soyons pas si négatifs ! C’est vrai, cette compétition peut éveiller des vocations chez nos jeunes qui se destinent aux métiers diversifiés et à haute valeur ajoutée de la mer. Par exemple : réparateur de voiles, mécanicien bateau, designer, charpentier de marine, skipper. Et puis, le spectacle offert par ces navires dernier cri ne peut que susciter l’admiration de tous.
Oui, et après ? Qui réalise la meilleure opération ? La Martinique, ou ce marchand de café ? En quoi l’augmentation temporaire du chiffre d’affaires de quelques hôtels, restaurants, loueurs de voitures et marchandes de souvenirs importés constitue un modèle à dupliquer ? Qui croit sérieusement que nous avons une expérience positive à pérenniser à partir de cet événement ?
Un événement à fort potentiel commercial
D’ailleurs, il est passé sous silence que l’expansion du café dans la Caraïbe a commencé sur une plantation du Prêcheur du fait de l’opiniâtreté du chevalier De Clieu dans les années 1720. La lumière aurait pu être jetée sur cette ville.
Une fois les coursiers et leurs accompagnateurs repartis, ne serait-il pas opportun de lancer une réflexion sur le type d’événements porteurs que nous pouvons créer nous-mêmes ? L’autonomie ou l’émancipation économique suppose aussi de reconsidérer les injonctions d’entités extérieures qui prétendent nous dicter ce qui serait bon pour nous.
Est-il politiquement soutenable et moralement acceptable que l’image de notre pays et sa visibilité internationale soient formatées par des organisations qui ne sont pas responsables devant nous ?
Mettre en valeur nos atouts nous-mêmes
Attendre que l’autre nous dise comment mettre en valeur nos atouts signifie que nous sommes incapables d’organiser des manifestations d’envergure formatées selon nos intérêts bien compris. Et nous tombons dans le piège de croire qu’il nous est impossible de mobiliser notre énergie pour briller.
Pourtant, nous avons le Tour en yoles rondes ou le Carnaval, entre autres exemples, qui peuvent être pensés comme des rendez-vous de la Martinique avec le monde. Nos entreprises et nos collectivités seraient certainement disposées à soutenir les initiatives visant à internationaliser des événements de ce type.
Rien ne nous empêche de montrer au vaste monde ce que nous savons réaliser par notre génie. Il n’est pas trop tard pour considérer que nous sommes mieux placés que quiconque pour savoir ce qu’il nous faut pour développer notre belle Martinique.