Ils n'avaient aucune expérience de la compétition nautique transatlantique. Mais ce ne sont pas pour autant des marins d'eau douce. Jean-Yves Aglaé, passionné de mer depuis son enfance, pratique le kite surf et faisait partie de l’équipage des yoles Zapetti/Gerblé/L’appaloosa et d'UFR/Chanflor lorsqu’elles ont remporté le Tour de Martinique en Yoles Rondes.
Hervé Jean-Marie a, quant à lui, passé toute son enfance en mer en compagnie de son père. Il a pratiqué la planche à voile, le Sunfish, l’habitable et le catamaran de sport. Informaticien de formation, la mer reste sa passion comme son équipier Jean Yves Aglaé.
De riches expériences en voile moderne
Une passion qui les amène à multiplier leur expérience à bord de bateaux de catégories différentes.
En janvier 2022, ils sont équipiers à bord de l'Ocean fifty de Gilles Lamiré (skipper professionnel, vainqueur de la Jacques Vabre en 2019 et 6e à la route du rhum en 2022). C'est un premier pas dans le monde de la course au large, ils finissent 3e de la Caribbean 600 à Antigua.
Jean Yves Aglaé est aussi à bord quand ils établissent le nouveau record du tour de la Martinique à la voile en mars 2022.
Ils enrichissent leur expérience sur l'Imoca de Maxime Sorel en pleine préparation pour la route du rhum.
La transat Jacque Vabre du rêve à la réalité
Riches de leurs expériences et l'envie d'aller au bout de leur rêve, ils fondent Martinique Horizon avec leur coéquipier de toujours Aymeric Pinto. S'aligner sur la ligne de départ de la route du café est déjà un premier défi. Pendant que d'autres s'entraînent, il leur faut acquérir un bateau, des sponsors, faire face aux formalités administratives et assurer une logistique pour faire partie de la flottille des Class 40 qui prendra le départ de la Jacques Vabre 2023.
Le 29 octobre 2023, ils sont prêts à effectuer leur première traversée transatlantique à bord de "Martinique Tchalian" et prennent le départ au milieu de 44 bateaux de leur catégorie.
L’objectif avec ce projet est d’aller encore plus loin, de découvrir un nouvel environnement qui marie des éléments déjà connus avec en plus, une touche d’aventure.
Jean-Yves Aglaé
Le dur apprentissage de la course en haute mer
Il n'y a pas vraiment eu de round d'observation. Dès les premiers milles, tous les concurrents ont été dans le grand bain de la course en haute mer. Des vents de 30 nœuds, une mer démontée, le baptême de feu est terrible pour toute la flottille. La course est finalement neutralisée et le départ est remis au 6 novembre. Le temps pour les skippers martiniquais de réparer la casse : la barre de safran défectueuse ou encore un gouvernail fragilisé. Le décor est planté.
Le second départ sera le bon, la transat est relancée le 6 novembre, cette fois-ci à l’abri des forts vents, mais qui endommagent tout de même la plus grande voile de "Martinque Tchalian".
Pour les Martiniquais, l'aventure démarre vraiment. La casse des jours précédents les rend plus prudents. Ils n'ont jamais eu la prétention de gagner cette course, mais de la finir et dans les meilleures conditions pour eux, et leur embarcation.
Durant la vingtaine de jours de navigation ils seront classés en queue de peloton. Loin des pointes de vitesse des concurrents en tête de course, ils prennent tardivement un cap au nord ce qui va les retarder pour bénéficier de la poussée des alizés.
Très longtemps positionnés à la 34e place, ils sont aujourd'hui à la 37e place, la dernière, à quelques jours de leur arrivée à Fort-de-France.
L'objectif est presque atteint
À quelques milles de la fin de l'aventure, les Martiniquais n'ont pas perdu la transat mais gagné en expérience pour les prochaines régates. Ils n'ont pas abandonné comme 5 autres concurrents. Ils ont presque rempli leur contrat auprès de leurs partenaires et par rapport aux projets qu'ils veulent mettre en place après la Jacques Vabre. Derrière Jean-Yves et Hervé c'est aussi toute une équipe à terre menée par Aymeric Pinto qui a aussi appris. Le coéquipier de toujours a dû se résigner à rester à terre, et gérer des situations de crises pour que ses compagnons en mer ne se concentrent que sur la course. Mais être de l'autre côté de la barre permet de préparer la suite.
C'était très frustrant de ne pas être mer, mais ce n'est que partie remise. Nous envisageons de partir sur tout le circuit caraïbéen. Notre but et de recréer une dynamique pour avoir des compétitions et de mettre en place un "pôle course au large" en Martinique, en harmonie avec la voile traditionnelle.
Aymeric Pinto
"Martinique Tchalian" devrait rentrer à la maison entre le 1er et le 2 décembre. Franchir la ligne d’arrivée à Fort-de-France est l’objectif qui viendra récompenser tous les efforts fournis par l’ensemble de l’équipe.
Même bons derniers, ils resteront dans l'histoire. Ils font partie pour toujours du premier équipage 100% martiniquais à avoir effectué de bout en bout la Transat Jacques Vabre. Et l'aventure ne fait que commencer...
L’objectif aujourd’hui est de prendre encore plus de plaisir qu’on en partage déjà avec l’équipe, et de le communiquer à chaque personne que l'on croisera.
Hervé Jean-Marie
Les skippers martiniquais sont très attendus en baie de Fort-de-France. Un accueil particulier est prévu, mais il est préférable de se rapprocher de l'organisation pour connaître les dispositions mises en place afin que ce retour à la maison se fasse dans de bonnes conditions de sécurité.