À Trinidad-et-Tobago, les drapeaux sont en berne en guise d'hommage à l’ancien premier ministre, Basdeo Panday. Sur les réseaux sociaux, les condoléances d'autres figures politiques et d'organisations locales et caribéennes se succèdent depuis cette disparition.
Keith Rowley, l'actuel premier ministre du territoire, évoque "un homme qui croyait en son pays et son potentiel".
Kamla Persad-Bissessar, leader du parti UNC (Congrès National Uni) fondé en 2010 par Basdeo Panday, se souvient d’"un immense leader qui a passé la plupart de sa vie au service des opprimés et des pauvres."
La Présidente de la République, Christine Kangaloo, se rappelle d’"un syndicaliste, homme politique, homme d’État et père de famille dévoué".
Monsieur Panday était un homme de petite taille, mais il était ce géant qui a dirigé son pays avec passion et de la compassion.
Son Excellence Christine Kangaloo, Présidente de la République de Trinidad-et-Tobago
Jack Warner, l’ancien président de la CONCACAF et député trinbagonian voit en Basdeo Panday, "le meilleur premier ministre de Trinidad-et-Tobago".
Son parcours
Basdeo Panday, était le 5e premier ministre de Trinidad et Tobago. Il était également le premier originaire d'Inde et de persuasion hindou, à occuper cette haute fonction politique dans ce pays.
Avocat de formation, l'homme a aussi étudié le théâtre à la faculté de Londres, Basdeo Panday qui était également réputé pour ses discours et ses déclarations bien pimentés.
Il avait vu le jour le 25 mai 1933, dans une région agricole au centre du territoire, où la canne à sucre est la principale culture.
Pour financer ses études à Londres, il a d'ailleurs travaillé dans les champs pour la pesée de la canne, mais aussi dans les écoles primaires et comme assistant aux magistrats.
La politique après des études en Angleterre
En 1957, il arrive à Londres où il entame des études de droit, de théâtre et de sciences économiques. Parallèlement, il est embauché cette fois comme ouvrier dans le BTP et obtient également des rôles au cinéma, toujours pour financer son parcours d'étudiant.
De retour à Trinidad et Tobago, il se lance alors dans la politique et fait du syndicalisme. Pendant plus de 20 ans, il a été président du syndicat des ouvriers trinidadiens du secteur sucrier (ATS & GWTU).
En 1975, Basdeo Panday gagne dans sa circonscription. La même année il est nommé Leader de l’opposition. En 1986, après avoir fait alliance avec un autre groupe d'opposants, il devient ministre des affaires étrangères et du commerce international.
Puis en 1989, il fonde son propre parti, le Congrés National Uni (UNC), et en 95, il est élu premier ministre de Trinidad-et-Tobago, jusqu’en 2001.
En 2010, Basdeo Panday est remplacé par Kamla Persad-Bissessar à la tête de l’UNC.
Des accusations de corruption et la prison
En 2005, Basdeo Panday, sa femme et un associé sont arrêtés et accusés de corruption. C’est la première fois qu’un premier ministre de Trinidad-et-Tobago se retrouvait en prison. Mais il refuse d’être libéré sous caution, avant que les charges soient abandonnées en 2012.
En 2006, le politicien est jugé coupable pour n'avoir pas déclaré un compte ouvert à Londres, mais il gagne en appel.
Des rapports compliqués avec les médias
En 1996, le quotidien Trinidad Guardian avait publié une de ses photos avec à la main une boisson à base d'alcool. L'intéressé demande alors le boycotte du média concerné et interdit ses conférences de presse officielles à des journalistes.
En 1994, le même Basdeo Panday refuse de signer la Déclaration de Chapultepec pour garantir la liberté de la presse dans son pays. 4 ans après, il annule le permis de travail de Julian Rogers, un journaliste d’origine barbadienne en poste à Trinidad-et-Tobago.
Basdeo Panday ne supportait pas l’émission matinale télévisée présentée par ce dernier, qui critiquait souvent les actions du premier ministre.
"Si vous me voyez dans un combat contre un lion, il faut avoir pitié pour le lion," était l'une des phrases favorites de Basdeo Panday, qui était surnommé Silver Fox, à cause de sa chevelure grisonnante abondante et son côté jugé "retors".