Un homme, séquestré par sa mère pendant des dizaines d'années, est retrouvé mort dans une maison à La Trinité

L’histoire est dramatique et macabre. Elle se déroule dans une habitation de La Trinité, au quartier de Plaisable. Dimanche (22 décembre), les autorités ont retrouvé le corps sans vie d’un homme d’une quarantaine d’années. Atteint de troubles, selon les voisins, il a été maintenu reclus par sa mère pendant des dizaines d'années.

Les voisins racontent l’avoir déjà entendu crier.

"Tous les gens du quartier savaient depuis une vingtaine d’années"

Cet événement tragique interpelle. Depuis cette découverte, la désolation règne dans le quartier situé dans la campagne de la commune du Nord. Selon les témoignages recueillis, les voisins étaient en partie au courant des conditions de vie de la victime. C'est le cas de cet habitant :

C’est vraiment désolant pour cet enfant. Ça fait un moment que cet enfant est prisonnier. Tous les gens du quartier savaient depuis une vingtaine d’années. Il ne sortait pas du tout. Il était enfermé dans une chambre. Son père venait le chercher pour passer les week-ends avec lui. Son père est décédé depuis un petit moment. Ça fait un moment que l’enfant n’est pas sorti de la chambre. Il n’avait pas une dent dans la bouche. Je ne pense pas qu’il était soigné. (…) Son ancien mari a appelé l’assistante sociale, mais je ne sais pas ce que ça a donné. Tout le monde est choqué. On a retrouvé l’enfant avec du sang qui sortait de son nez et de son oreille.

Un voisin de la victime, du quartier Plaisable, à La Trinité

Cette voisine du quartier ne l’avait pas aperçu depuis plusieurs années.

Ça m’a fait de la peine parce qu’il y a longtemps que je n’avais pas vu l’enfant. Je l’ai vu avec son papa qui descendait et après ça, rien du tout. Je le voyais quand il était petit. Il allait chez son papa. Il l’emmenait chez sa maman. C’est tout. Ça faisait des années que je ne l’avais pas vu. (…) Quand il était petit, il allait chez le médecin. Depuis qu’il vit chez la maman, il n’y va plus.

Même récit pour cette Trinitéenne qui le voyait également quand il était plus jeune.

C’est triste parce que ça fait longtemps que la maman souffre avec cet enfant handicapé. Je connais l’enfant depuis qu’il est petit. Quand il était petit, il allait au centre pour personnes handicapées. Quand je montais au fond du quartier, je l’entendais qui criait. C’est un handicapé, c’est comme ça qu’il faisait. Je ne sais pas s'il était enfermé. Je sais juste que c’est un enfant qui était handicapé, qui ne parlait pas, qui criait et qui était agité, qui se cognait la tête partout.

L’ex-mari de la mère ne s’attendait pas à apprendre le décès de Willy. Il s'est occupé de lui jusqu'à l'âge de 20 ans environ.

Quand j’ai appris que Willy est mort, ça m’a secoué parce qu’il était comme un fils pour moi. Quand je l’ai connu, il devait avoir 8 ans. Je m'occupais de lui, je le douchais. Il fallait bien le surveiller, par rapport à son comportement. Il se cognait souvent la tête sur les murs. (…) Je faisais des marches avec lui pour le faire sortir. (…) Il ne parlait pas, seulement avec des gestes. Willy allait à l’ex-hôpital Civil.

L'ex-mari de la mère

"De prime abord, je dis que c’est un drame social"

Patricia Telle, la mairesse de la commune, indique que le service social municipal n’était pas au courant de la situation de cette famille.

C’est un drame humain, probablement un drame de la misère. J’ai été tellement surprise par cette information quand je l’ai entendue. J’ai du mal à penser qu’en 2024, on puisse avoir des familles qui soient encore dans une telle situation de solitude, d’isolement. (…) Je pense qu’il est important que les services concernés fassent leurs boulots et ensuite, qu’on sache ce qui s’est passé. De prime abord, je dis que c’est un drame social. (…) On a un service social avec une assistante sociale au CCAS, une Maison de la famille et de la parentalité, donc c’est vraiment une grande surprise de découvrir que sur le territoire il y a une telle situation.

Patricia Telle, la mairesse de La Trinité

Une information judiciaire est ouverte. À ce stade de l'enquête, la mère a été mise en examen pour séquestration et placée sous contrôle judiciaire. À ce jour, l’autopsie n’a pas encore été réalisée.