"Une entreprise qui n’a pas recours à l’Intelligence Artificielle sera moins compétitive", [Manuel Mondésir]

Manuel Mondésir, le fondateur d'AWITEC.
Alors que l'intelligence artificielle redessine peu à peu les contours de notre société, une question se pose. Va-t-elle bouleverser l’organisation du travail ? Nous avons posé 3 questions sur l’impact de l’IA sur le futur du travail en Martinique à Manuel Mondésir, le fondateur d’Awitec, un cabinet de conseil et centre de formation spécialisé dans le marketing digital aux Antilles-Guyane.

Si aucune donnée n’a encore été enregistrée en Martinique, selon le spécialiste, en France 50% des salariés et aussi des dirigeants de TPE ( très petites entreprises) ont commencé à utiliser l’Intelligence Artificielle. Parmi les salariés, 55% l’utilisent sans avertir leur direction.

Est-ce à dire que l’on doit se préparer à une grosse révolution quand on voit ce qui se passe ailleurs ?

Pour moi, la Martinique a toujours un peu de retard. Pour le coup, ce sera bénéfique parce que cela nous laissera le temps d’observer. Je pense qu’en 2025, les salariés vont devoir s’emparer de l’intelligence artificielle. C’est-à-dire, monter en compétences et être des salariés "augmentés", à savoir, "assistés". Au niveau de l’économie, les entreprises devront elles aussi, être capables de s'en emparer parce que cela va être aussi un gage pour leur compétitivité. Il y a un certain nombre de compétences à développer. Est-ce à dire que l’emploi sera remplacé en 2025 ? Je ne pense pas du tout. Il y a une question d’employabilité pour les salariés et de compétitivité pour les entreprises.

Manuel Mondésir

interrogé par Grégory Gabourg

Faut-il s’attendre à des licenciements massifs comme certains le craignent ?

Je pense qu’à court terme, non. Par contre, un salarié qui n’est pas formé sera moins employable qu’un salarié qui est formé. Une entreprise qui n’a pas recours à l’Intelligence Artificielle sera moins compétitive. Donc, c'est plutôt un enjeu de montée en compétences. Je ne sais pas globalement ce qui se passera dans 10 ou 20 ans. En tout cas, l’idée c’est déjà de parler de 2025.

Un certain nombre d’entreprises interdisent l’utilisation de Chat GPT ? Est-ce de l’hypocrisie ? De la méconnaissance ?

C’est qu’aujourd’hui, les entreprises, notamment, les PME, ne sont pas encore préparées. Autant dans une petite entreprise, on se dit qu’on peut y aller. Dans une PME, il y a beaucoup d’enjeux, il y a beaucoup plus de salariés. Donc, les PME veulent prendre le temps et quelques fois, elles préfèrent sécuriser. Par exemple, parce qu’elles ont peur qu’on divulgue à Chatgpt des données confidentielles de l’entreprise. Elles ne savent pas quel est l’impact. Elles ont aussi peur que certains salariés qui n’ont pas été formés diffusent des informations sensibles liées à des clients. Pour toutes ces raisons, elles ont plutôt une approche conservatrice. Cela ne veut pas dire qu’elles ne vont pas y aller, mais qu’elles ont besoin d’un temps pour se structurer par rapport à cette révolution à laquelle on fait face.