En anglais, on la nomme "Mountain Chicken". En français, on parle plutôt de crapaud de la Dominique ou de leptodactyle des Antilles. Cette espèce de grenouille est endémique de La Dominique et de Monserrat, c'est-à-dire qu'elle est uniquement présente sur ces deux îles de l'arc caribéen.
L'une des plus grandes espèces de grenouilles au monde
Cet amphibien peut mesurer environ 20 centimètres de long et peser plus d'un kilo. "C’était l’un des principaux prédateurs de la Dominique qui se nourrissait d’insectes, de petits mammifères, de serpents et d’autres grenouilles", explique Andrew Cunningham, responsable de l'épidémiologie de la faune sauvage à la Société Zoologique de Londres (ZSL), dans un article du quotidien britannique The Guardian (en anglais).
Sa taille et son poids en faisaient une espèce chassée pour sa chair au goût proche de celui du poulet. L'animal était même considéré comme le plat national de La Dominique. Plusieurs institutions comme la Banque Nationale de la Dominique l'utilisent comme emblème.
Un déclin vertigineux des effectifs
Mais depuis une vingtaine d'années, le chant de cette grenouille "Mountain Chicken" est moins audible. Selon l'étude relayée par le quotidien britannique The Guardian (en anglais), l'animal risque de disparaître à l'état sauvage. En une vingtaine d'années, sa population est passée de centaines de milliers d'individus à un total de 21 grenouilles.
Il s’agit d’une espèce menacée d’extinction imminente à l’état sauvage, alors qu’elle était en bonne santé il y a seulement quelques décennies. Son sort nous envoie un avertissement très clair sur les dangers auxquels est confrontée la faune sauvage sur Terre aujourd’hui.
Andrew Cunningham, de la ZSL, Zoological Society of London
Une grenouille victime de plusieurs catastrophes écologiques
Pour expliquer son déclin, les scientifiques parlent d'abord de la perte de son habitat, de l'introduction de prédateurs et de la chasse.
Puis en 2002, un champignon microscopique, responsable d'une maladie infectieuse mortelle pour l'animal est détecté. Dix mois plus tard, 80% des effectifs de crapauds de la Dominique avaient été décimés.
En 2017, les dégâts causés par le passage de l’ouragan Maria ont aggravé le déclin.
En dépit du dérèglement climatique qui menace l’habitat de ces grenouilles, les scientifiques restent optimistes. Ils promettent de maintenir les efforts pour sauvegarder l’espèce. Un programme de sauvegarde, qui rassemble les institutions européennes de conservation et les gouvernements de Montserrat et de la Dominique, est en cours.
Signe d'espoir : une poignée de grenouilles qui semblent résister au champignon dévastateur a été observée en Dominique.