Une herbe marine venue de l’océan indien envahit les fonds marins de Martinique et pourrait menacer les tortues marines

Petite Anse aux Anses d'Arlets, site d'une station de recherche de CNRS
Une herbe marine appelée halophila stipulacea pousse dans les fonds sableux de toutes les îles de la Caraïbe. Originaire de l’océan indien, les spécimens ont été transportés dans la Caraïbe sur les cales des bateaux. Cette variété est envahissante. Elle a déjà colonisé 70% des fonds marins de Martinique au détriment des espèces indigènes et de la faune.

Depuis plus de 10 ans, Damien Chevallier, chercheur au CNRS et responsable du Programme de Recherche sur les tortues marines aux Antilles et Guyane, observe l’arrivée de l’halophila stipulacea.

Cette herbe marine envahissante venue de l’océan indien, colonise nos fonds marins et pourrait à terme avoir des conséquences sur la présence des tortues marines dans nos eaux.

L'halophila stipulacea pousse en tapis épais

C’est un problème pour les tortues marines notamment les tortues vertes et les herbivores qui se nourrissent des herbes indigènes. Elles ne se sont pas encore adaptées aux espèces introduites.

Damien Chevallier, chercheur CNRS

Damien Chevallier chercheur CNRS

Si les tortues, dont les herbes marines représentent 20% de leur alimentation, ne s’adaptent pas au nouveau régime, elles risquent de tomber malade ou même de mourir.

En formant des tapis épais, l’halophila stipulacea a la capacité de déplacer les espèces indigènes.

Si jamais ça pose un problème, on a la possibilité de restaurer l’habitat des fonds marins. Donc on mène une étude parce qu’on a besoin des données pour prouver l’impact de l’halophila.

Damien Chevallier

Selon le CNRS, cette herbe aurait déjà colonisé 70% des fonds marins de Martinique. La côte caraïbe serait la plus touchée.

Une étude menée en Guadeloupe confirme que l’espèce est responsable de l’éradication de la Syringodium filiforme et des espèces indigènes d’halophila

Les herbiers de Thalassia testudinum, qui jouent le rôle de nurseries pour de nombreuses espèces d’invertébrés et de poissons, semblent être plus résistants.

Les herbes marines indigènes de la Caraïbe, le Syringodium filiforme et Thalassia testudinum poussent ensemble.

Avec une nouvelle station de recherche implantée à Petite-Anse aux Anses d’Arlet, les chercheurs peuvent plus facilement étudier l’impact de l’halophila sur les fonds marins et la population permanente de tortues marines.

Une manière de ralentir la prolifération de cette herbe est d’interdire les ancres des bateaux et de mettre en place un système de bouées permanentes. Des échanges sont en cours entre scientifiques et responsables des institutions.