Les fonds de la rade de Saint-Pierre, cimetière marin qui compte une dizaine de navires détruits par l’éruption de 1902, sont à protéger. En haute saison, elle peut accueillir jusqu’à 70 bateaux de plaisance.
En plus de la gestion des eaux usées, qui dépend du bon vouloir des marins, les ancres jetées à la mer détruisent le fond.
Depuis ce lundi (18 décembre), CAP Nord a mis en place un projet de longue date. Il s’agit d’une zone de mouillage organisée dans laquelle 133 navires pourront venir s’amarrer.
Des pratiques de pêche en péril
Cependant, les pêcheurs de Saint-Pierre avancent aujourd’hui que cet aménagement va perturber leurs pratiques de la pêche.
“Il y a 5 activités : la senne, la pêche au casier, filet de fond, filet de balaou et filet de langouste. (...) Donc on a demandé à préserver les coups de sennes dans la baie. On a délimité avec des points GPS, ces fameux coups de senne. Et quand je regarde sur le plan, apparemment, ça n’a pas été retenu.
Olivier Jean-Louis, président de l'association des marins pêcheurs pierrotains
La zone de mouillage prévue va de 30 à plusieurs centaines de mètres du rivage. Les 6 marins-pêcheurs de Saint-Pierre défendent aujourd’hui que certaines zones sont bien connues pour leur pratique de la senne.
(...) À côté du marché, c’est là qu’on prend le plus de poissons. Je ne vois pas pourquoi ils veulent mettre ça dans le coup de senne.
Frantz François, marin pêcheur à la retraite
Un projet économique et écologique
Pour les techniciens de Cap Nord contactés, la procédure d'enquête publique a bien suivi son cours normal. Les pêcheurs ont été entendus et leurs remarques surprennent.
Dans quelques jours, une drague portera dans la baie les blocs de béton qui serviront de base aux corps morts.
Ce projet est à la fois écologique parce qu’il favorise la reproduction des poissons et économique, car il génère de nombreux emplois autour du bateau.
S’il est contesté aujourd’hui, il ne semble guère poser question auprès des élus de la Collectivité qui l'ont adopté.