Vaccins anti covid-19 : démêler le vrai et du faux

La vaccination anti covid-19.

Depuis l'annonce de la mise sur le marché de vaccins contre le coronavirus, le scepticisme de la population fait rage. Effets secondaires graves, modification de l'ADN, adjuvants dangereux,  les arguments des contres sont-ils fondés? Les arguments des "pour" et des "contre" s'affrontent.

Depuis le début de l'année 2021, plusieurs vaccins anti covid-19 ont été mis sur le marché. Deux d'entre eux ont été commandés par le gouvernement français. Un troisième a été validé par l'Union Européenne. Dans le même temps, 70 autres vaccins contre le coronavirus sont en phase d'essais cliniques dans le monde et 90 autres seraient en développement. 

En Martinique, comme en France hexagonale, les "anti-vaccins" s'organisent et montent au créneau pour dénoncer "les risques liés à l'administration de ces vaccins". Selon un sondage Ipsos réalisé en octobre 2020, leurs craintes portent, pour 32% d'entre eux, sur les effets secondaires de la fameuse injection. 

Les effets secondaires des vaccins anti covid-19 sont-ils nombreux et dangereux?

 

En Martinique, comme en France hexagonale, plusieurs voix s'élèvent donc pour alerter sur les conséquences potentiellement graves de l'administration des vaccins anti covid-19. Parmi leurs arguments les effets secondaires de ces injections : effets graves et irréversibles et même décès. Un collectif s'est donc monté pour dénoncer, entre autres, cette campagne de vaccination. Ils ont adressé une lettre/pétition à Stanislas Cazelles, préfet de Martinique.

Lettre pétition à Stanislas Cazelles

Il est vrai que, depuis la mise sur le marché des vaccins anti-coronavirus, plusieurs décès ont été enregistrés parmi quelques patients ayant bénéficié d'une injection anti covid-19. Un nonagénaire (91 ans) est décédé en Suisse après avoir été vacciné. Un autre décès après injection a également été enregistré en Israël. Plusieurs autres ont été signalés en Europe. 

Difficile d'affirmer que ces décès sont liés directement à la prise de vaccin anti covid-19. Les laboratoires fabriquant ces vaccins s'en défendent. À l'instar du décès Suisse, tous les laboratoires expliquent :

Il est hautement improbable, un éventuel lien entre le décès de ce patient de 91 ans et la vaccination. En cause ? Il souffrait de plusieurs maladies antérieures graves.

L'institut Suisse des Produits Thérapeutiques

 

  • Des effets secondaires habituels en cas de vaccination assurent les laboratoires.

Dans un cas sur 80 000 à 100 000, une réaction allergique grave et rapide peut survenir, justifiant une surveillance durant dix à quinze minutes après l’injection. Les quelques cas rapportés ont tous été maîtrisés et sont restés jusqu’à présent sans conséquences.

 

Quelques rares paralysies du nerf facial, entraînant un affaissement des muscles d’un côté du visage, ont été signalées. Elles sont généralement dues à la réactivation d’une infection virale (zona, HIV, herpès…). Leur guérison est habituelle, avec ou sans corticoïdes, en quelques mois.

Pfizer/BioNTech

 

Parmi ces effets secondaires dénoncés par les "vaccino-sceptiques" ou "prudents", ceux potentiellement provoqués par la technologie utilisée pour mettre sur pied ces vaccins : l'ARN. C'est aussi cette nouvelle technologie qui justifie le temps record de fabrication des vaccins anti-coronavirus (9 mois) tout en suscitant une forte inquiétude notamment chez certains scientifiques qui craignent une modification de l'ADN des bénéficiaires de la vaccination.

Les vaccins anti covid-19 peuvent-ils modifier l'ADN?


Pour répondre à cette question nous avons dû nous pencher sur la technologie nouvelle employée pour mettre sur pied les vaccins aujourd'hui mis à disposition des populations. Il s'agit de l'ARN messager.

  • Qu'est-ce donc que cette nouvelle technologie?

Un vaccin à ARN messager est :

Une technique vaccinale très récente particulièrement innovante réalisée avec des techniques de biologie moléculaire.

Dr Stéphane Gayet Médecin infectiologue et hygiéniste, Hôpitaux universitaires de Strasbourg

 

C'est un vaccin basé sur une technologie à base d'ARNm ou acide ribonucléique (ARN) messager (m). L'ARN messager est une molécule qui sert d'intermédiaire entre l'ADN et les protéines pour lesquelles il code. "L'ARN messager est le code le plus limité du génome. Une molécule ARN messager correspond à un gène (du virus par exemple)." précise le Dr Gayet.  

Ces vaccins sont aussi révolutionnaires d'un point de vue technologique. Ce sont des nano-vaccins.  L'ARN messager viral spécialement préparé est encapsulé dans des nanoparticules lipidiques pour être délivré intact à l'intérieur des cellules réceptives. 

"Si l'ARN arrivait seul au contact de ces cellules, il serait rapidement détruit car perçu comme très dangereux par le système immunitaire et donnerait de violentes réactions. Les capsules chimiques à base de lipides franchissent bien la membrane des cellules et délivrent l'ARN messager aux cellules" explique l'infectiologue.

Certains vaccins, comme ceux de Pfizer BioNTech ou Moderna, fonctionnent sur la technique de l'ARN et comprennent un petit morceau d'information génétique du virus. Mais "impossible de modifier notre ADN en se faisant injecter un vaccin à ARN. Les molécules d'ARN restent dans le cytoplasme, un compartiment de la cellule qui se trouve entre la membrane et le noyau. C'est là qu'il fabrique ses protéines. L'ARN ne peut pas entrer dans le noyau, où seul l'ADN se trouve. Il n'y a pas d'interaction entre notre ADN et l'ARN de virus injecté.

Bruno Pitard, chercheur du CNRS au Centre de cancérologie et d'immunologie Nantes-Angers, spécialisé dans les vaccins

 

Reste que ces vaccins, même s'ils bénéficient d'une technologie défendue par les laboratoire, font l'objet de bien des interrogations également concernant les adjuvants qu'ils pourraient contenir.

Quid des adjuvants? 

 

Les adjuvants sont des substances ajoutées à l'antigène, et dont l'objectif est d'attirer l'attention du système immunitaire lorsque l'antigène seul n'est pas suffisant.

Les vaccins à ARN comme ceux de Moderna ou Pfizer BioNTech n'ont pas besoin d'adjuvants pour fonctionner et n'en contiennent donc pas. 

En revanche la question reste entière pour les vaccins contre le Covid-19 en phase III de développement : certains contiennent des adjuvants.

Les adjuvants sont indispensables à l’efficacité de très nombreux vaccins [comme le vaccin contre la coqueluche, la poliomyélite, les hépatites A et B ou le papillomavirus, Ndlr]. Aucune preuve de toxicité neurologique imputable à l’aluminium de l’alimentation ou des vaccins n’a pu encore être fournie à ce jour.

Académie de Médecine