Les deux statues à l'effigie de Victor Schoelcher "déboulonnées" le 22 mai dernier ont une histoire. Réalisées par deux artistes différents, à deux époques différentes, elles marquaient les évolutions d'une pensée au départ paternaliste. L'éclairage de Christelle Lozère, historienne de l'art.
La plus ancienne des deux statues "déboulonnées" est celle qui était positionnée sur la place du palais de justice à Fort-de-France. Elle date du début du XXe siècle.
L'objet mémoriel en marbre (la statue du palais de justice) est l'oeuvre d'un sculpteur parisien de l'époque : Anatole Marquet De Vasselot. Cet historien de l'art, formé à l'école des beaux-arts de Paris avait réalisé cette oeuvre sur le même modèle que la statue représentant Victor Schoelcher positionnée avant à Saint-Pierre (nous y reviendrons).
Anatole Marquet De Vasselot est connu pour ses sculptures des "héros" de France.
"Une propagande empreinte de paternalisme colonialiste" analyse l'historienne de l'art Christelle Lozère qui voit dans cette oeuvre une représentation allégorique de la société d'alors.
Pour étayer son propos, l'historienne de l'art détaille l'oeuvre. "Il y a un déséquilibre entre l'adulte (Ndlr: Victor Schoelcher) et l'enfant vers lequel il se penche. Cette image est teintée du paternalisme de l'époque" conclut-elle. Mais, l'historienne va plus loin.
C'est la mairie de Saint-Pierre qui la première fait une commande de statue à l'effigie de Victor Schoelcher et ce dès l'annonce de son décès en 1894. Cette première statue sera livrée en 1900, en face du théâtre de Saint-Pierre.
Elle a été détruite par l'éruption volcanique de 1902.
Mais elle était emprunte du même paternalisme colonial que sa petite soeur de Fort-de-France. C'est une oeuvre plus contemporaine qui va nuancer le rôle de Victor Schoelcher dans l'abolition de l'esclavage.
La statue de Victor Schoelcher érigée sur la place du bourg de la ville de Martinique qui porte son nom date de 1964.
L'oeuvre est différente de celle de Fort-de-France. Son auteure est une femme, la première femme sculptrice de Martinique, Marie-Thérèse Lung-Fu. Métisse martiniquaise dont le père était coréen, elle aussi avait été élève des beaux-arts à Paris. C' était une militante.
L'influence de l'art déco est bien présente et fait place à la sobriété. Tout est épuré, très officiel.
L'auteur honore donc juste la mémoire de l'homme mais il n'y a plus de déséquilibre puisque l'enfant n'est plus là et n'a pas été remplacé.
Les deux statues en question de Victor Schoelcher n'en étaient pas à leurs premières attaques. L'une avait vu sa main tranchée, l'autre a été taggée plusieurs fois.
On pense bien évidemment à la statue de Joséphine détruite en 1991.
Elle avait été édifiée au second Empire. Depuis elle aura été décapitée et tachée de rouge.
Un événement qui avait défrayé la chronique. Ainsi les actes de destruction de ces mobiliers mémoriels font finalement qu'on se souvient d'eux.
Pour Christelle Lozère, la destruction de statues est connue dans l'histoire de l'art. Elles ne sont pas propres à la Martinique. Et même, ajoute-t-elle, la destruction d'images et symboles devient presque banal.
La statue de Fort-de-France, une oeuvre de propagande
L'objet mémoriel en marbre (la statue du palais de justice) est l'oeuvre d'un sculpteur parisien de l'époque : Anatole Marquet De Vasselot. Cet historien de l'art, formé à l'école des beaux-arts de Paris avait réalisé cette oeuvre sur le même modèle que la statue représentant Victor Schoelcher positionnée avant à Saint-Pierre (nous y reviendrons).
Anatole Marquet De Vasselot est connu pour ses sculptures des "héros" de France.
"Une propagande empreinte de paternalisme colonialiste" analyse l'historienne de l'art Christelle Lozère qui voit dans cette oeuvre une représentation allégorique de la société d'alors.
Pour étayer son propos, l'historienne de l'art détaille l'oeuvre. "Il y a un déséquilibre entre l'adulte (Ndlr: Victor Schoelcher) et l'enfant vers lequel il se penche. Cette image est teintée du paternalisme de l'époque" conclut-elle. Mais, l'historienne va plus loin.
Il ne faut pas négliger le pouvoir des symboles. Car malgré le paternalisme affiché, cette statue était au début du XXe siècle une injure aux esclavagistes car elle avait le pouvoir de rappeler l'abolition.
Tout a commencé à Saint-Pierre
C'est la mairie de Saint-Pierre qui la première fait une commande de statue à l'effigie de Victor Schoelcher et ce dès l'annonce de son décès en 1894. Cette première statue sera livrée en 1900, en face du théâtre de Saint-Pierre.
Elle a été détruite par l'éruption volcanique de 1902.
Mais elle était emprunte du même paternalisme colonial que sa petite soeur de Fort-de-France. C'est une oeuvre plus contemporaine qui va nuancer le rôle de Victor Schoelcher dans l'abolition de l'esclavage.
La statue de la ville de Schoelcher marque une évolution de l'image de Victor Schoelcher
La statue de Victor Schoelcher érigée sur la place du bourg de la ville de Martinique qui porte son nom date de 1964.
L'oeuvre est différente de celle de Fort-de-France. Son auteure est une femme, la première femme sculptrice de Martinique, Marie-Thérèse Lung-Fu. Métisse martiniquaise dont le père était coréen, elle aussi avait été élève des beaux-arts à Paris. C' était une militante.
L'influence de l'art déco est bien présente et fait place à la sobriété. Tout est épuré, très officiel.
L'auteur honore donc juste la mémoire de l'homme mais il n'y a plus de déséquilibre puisque l'enfant n'est plus là et n'a pas été remplacé.
La destruction de mobiliers mémoriels, rien de nouveau
Les deux statues en question de Victor Schoelcher n'en étaient pas à leurs premières attaques. L'une avait vu sa main tranchée, l'autre a été taggée plusieurs fois.
On pense bien évidemment à la statue de Joséphine détruite en 1991.
Elle avait été édifiée au second Empire. Depuis elle aura été décapitée et tachée de rouge.
Un événement qui avait défrayé la chronique. Ainsi les actes de destruction de ces mobiliers mémoriels font finalement qu'on se souvient d'eux.
Pour Christelle Lozère, la destruction de statues est connue dans l'histoire de l'art. Elles ne sont pas propres à la Martinique. Et même, ajoute-t-elle, la destruction d'images et symboles devient presque banal.