Vingt ans après sa signature, la Déclaration de Basse-Terre reste d’actualité

Retour sur un événement historique qui aura marqué la vie politique des Antilles et de la Guyane ces deux dernières décennies : la signature de la Déclaration de Basse-Terre le 1er décembre 1999, il y a vingt ans.
 
Basse-Terre, Guadeloupe, hôtel du Conseil régional, mercredi 1er décembre 1999. Non loin du bureau de la présidente, sous les crépitements des flashes des appareils-photos et dans la lumière crue des projecteurs des caméras, se tiennent côte à côte trois personnalités politiques. Lucette Michaux-Chevry, l’hôte de ces lieux, figure de la droite, se place entre ses homologues de Guyane - le socialiste autonomiste Antoine Karam - et de Martinique - l’indépendantiste Alfred Marie-Jeanne.

Les trois présidents de région viennent de signer un document de deux pages, sobrement intitulé "Déclaration de Basse-Terre". Il est rédigé comme une motion. Il commence par le constat de "la dégradation continuelle depuis de nombreuses années de la situation de leurs régions", illustrée aux termes du texte par l’impossibilité d’un développement économique fondé sur les réalités propres à ces territoires. 

Déclaration de Basse-Terre

Un constat alarmant et un appel à la responsabilité


Les présidents notent, entre autres, "un affaiblissement des filières productives, la déstabilisation financière des collectivités, un assistanat généralisé, un taux de chômage croissant". Ils pointent du doigt également "le développement rapide des dérives sociales, destructrices (…) en particulier pour les jeunes générations dont les perspectives d'emploi apparaissent de plus en plus aléatoires".  En dépit des efforts financiers considérables des pouvoirs publics locaux, nationaux et européens, les trois exécutifs déplorent leur impuissance à résoudre les problèmes qu’ils affrontent. Ils regrettent "l'inadéquation d'un dispositif fiscal et social conçu pour un pays développé et appliqué à des Régions en retard de développement".

Nos trois dirigeants, dont l’initiative a surpris tous les états-majors et les préfets, écrivent vouloir "unir leurs efforts afin de bâtir un projet de développement économique, social et culturel impliquant la prise en compte des identités propres à chaque Région et basé sur l'évidence que la dignité procède du travail et non de l'assistanat". Il s’agit pour eux de susciter la création d’emplois et d'activités productives pour tourner le dos à société de consommation et en finir "avec le cycle infernal de l'emploi assisté".
 

Une initiative qui prend de court les états-majors


En conséquence, le président de la République et le gouvernement seront saisis d’une demande de création d’un statut de Région d'Outre-mer. Cette collectivité nouvelle serait dotée d'un régime fiscal et social spécial.

La Déclaration de Basse-Terre a été qualifiée de "chantier d'avenir". Dans les faits, elle a débouché aux consultations du 7 décembre 2003. Saint-Martin et Saint-Barthélémy sont devenues des collectivités d’Outre-mer de type nouveau.Consultés, les électeurs de Guadeloupe et de Martinique ont repoussé la proposition de création d’une collectivité unique par fusion du département et de la région. Plus tard, les 10 et 24 janvier 2010, les Guyanais et les Martiniquais ont acté l’émergence de cette nouvelle institution, la Collectivité Territoriale. La Guadeloupe tente de suivre le même chemin.

Des résultats tangibles, dont on peut certainement discuter le bilan, mais qui procèdent directement de ce texte fondateur passé à la postérité.