Si la problématique de la vie chère reste au cœur du premier déplacement officiel de François-Noël Buffet en Martinique, certains secteurs professionnels comme la pêche et l’agriculture, sont aussi entendus.
Mercredi 13 novembre 2024, le ministre s’est entretenu dans l'après-midi avec des exploitants et des éleveurs.
4 préoccupations majeures chez les agriculteurs
Le premier sujet c’est l'adaptation du dispositif du POSEI [Programme d’Options Spécifiques à l’Eloignement et à l’Insularité] pour qu’il permette non seulement d'accompagner l'ensemble des productions agricoles, notamment sur la diversification pour des solutions concrètes aux problématiques que nous avons relevé ces derniers temps. Il y a un autre sujet qui est l'emploi parce que c’est bien le parler d'autonomie alimentaire, mais il faut aussi que l'exploitation agricole puisse également disposer des moyens, des compétences et du personnel, pour répondre à ce surplus de production. Il faut aussi adapter l'outil agricole à cette évolution.
"Garantir un revenu" aux professionnels
Un autre volet concerne l’application effective de la loi EGALIM [visant à renforcer la rémunération des agriculteurs], c'est très important, pour garantir un revenu à l'agriculteur. Et puis on parle de la vie chère aussi pour nous, et cela concerne la baisse des charges et des coûts. Nous avons rencontré les professionnels sur le terrain qui souhaitent vraiment relancer la production locale, pour permettre à la population de consommer nos produits.
André Laviolette, Directeur général de la FDSEA - Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles(interrogé par Grégory Gabourg)
"Des mesures très optimales afin de relancer la filière bovine"
S’agissant des produits carnés de la filière bovine, cette dernière connaît des difficultés elle aussi, d’autant que "la production a diminué" affirme la CODEM (Coopérative Des Eleveurs Martiniquais).
En 2006, nous étions à peu près à 1200 tonnes et pour 2023, à 687 tonnes. Donc effectivement, nous avons cette problématique liée à la baisse de notre production. Aujourd'hui, il nous faut des mesures qui soient vraiment très optimales afin de relancer cette filière bovine. Nous avons tout d'abord bien sûr l'alimentation des animaux, puisqu’un bovin est un ruminant qui consomme 80% d'herbe ; avec les périodes de sécheresse récurrentes, il faut d’une alimentation saine qui puisse garantir une sécurisation de la viande. Nous avons un projet d’association (…) pour permettre une gestion plus raisonnée du foncier agricole ou en friche, privé ou public (…).
"Mettre en place un centre collectif de sécurisation de la viande"
Nous avons la problématique de la chlordécone ; aujourd'hui, il y a des solutions pour décontaminer les aliments et sécuriser la viande. Le GDSM (Groupement de Défense Sanitaire de Martinique) et la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt), ont déjà travaillé sur des méthodologies de décontamination et du coup nos adhérents aussi (les éleveurs), mettent en place des solutions de décontamination. Donc il faut mettre en bâtiment les animaux avant le fourrage pour de l’herbe et de l'eau d'abreuvement saines. Il y a également des prises de sang qui sont faites en amont pour déterminer le délai de décontamination des animaux. Ce sont des process que nous mettons déjà en place et pour renforcer ces mesures, il faut mettre en place un centre collectif de sécurisation de la viande et c'est l'un des projets de la CODEM.
Jean-Marc Ajanany - directeur général de la CODEM(interrogé par Grégory Gabourg)
Avant de voir les agriculteurs, le ministre François-Noël Buffet s’est entretenu en matinée avec des acteurs de la pêche et de la formation aux métiers de la mer, à l’école professionnelle maritime et aquacole de Trinité.
Les vols de moteurs, le renouvellement des bateaux de pêche ou encore le renforcement des DCP (Dispositifs de Concentration de Poissons) ont été évoqués par le président du comité local.
J'ai parlé au ministre de la situation des DCP (Dispositif de Concentration de Poissons), financés par la Collectivité et il faut qu'on continue, puisque c'est quand même le catalyseur de la ressource halieutique. On a parlé du renouvellement de la flotte car pour bien former les futurs professionnels, il faut avoir des navires bien équipés, parce qu'il y a quand même une concurrence. Face à 1500 tonnes de pêche déclarative en Martinique, il y a une importation de 6000 tonnes, mais il n’y a pas que cela.
"Veiller sur l’exploitation de la ressource"
Nous sommes amenés au comité des pêches, à veiller sur l’exploitation de la ressource. Cela fait 3 ans qu'on est en pénurie d'oursins, la saison du lambi vient de s'ouvrir jusqu’à fin décembre (…). Je parle aussi des vols de moteurs auxquels nous sommes confrontés sur le territoire, parce que c'est aussi un problème difficile à accepter.
Jean-Michel Contrebil, président du comité des pêches de Martinique(au micro d’Alain Livori)
Le ministre en charge des Outre-mer, François-Noël Buffet, est en Martinique jusqu’à ce jeudi 14 novembre 2024.