La Journée internationale consacrée à la langue créole prend de l’ampleur chaque année depuis 1981. À l’image d’autres pays, la Martinique consacre un mois entier à la célébration de cet idiome pratiqué par 15 millions de personnes dans le monde, et par voie de conséquence, à la culture dont elle est une illustration majeure.
Sans label officiel de l’Etat, il revient aux acteurs locaux de mettre en valeur le génie populaire martiniquais. Cette logique a présidé à la mise en place d’une impressionnante série de rendez-vous portés par la Collectivité Territoriale de Martinique, plusieurs communes, de multiples associations et une quantité de militants culturels et politiques. L’évolution des mentalités est sensible sur le sujet complexe de la vivacité et de l’avenir de la langue vernaculaire de Martinique. Elle n’est plus bannie de l’espace public.
La littérature en créole peine à trouver un large public
Ces quatre dernières décennies, des recherches scientifiques ont contribué à redonner au créole ses lettres de noblesse. L’écrivain et universitaire Raphaël Confiant rappelle sur son site internet "Fondas kréyòl" qu’au fil du temps, la défense de la langue est passée au second plan pour faire la place belle à la cuisine ou à la musique. Pour lui "le vrai combat, le combat décisif de la langue créole est celui du passage de l'oralité à l'écriture".
Ce qui suppose de diffuser plus largement qu’aujourd’hui la littérature en créole. En dépit du grand nombre d’écrivains créolophones, leurs romans, recueils de poésie et pièces de théâtre peinent, pour le moment, à trouver leurs lecteurs. Ne soyons pas si pessimistes ! Il n’y a pas si longtemps, il était mal vu d’utiliser cette langue sur les panneaux routiers, les enseignes de magasins, les affiches publicitaires, les banderoles d’événements et les écrans d’ordinateurs.
Raphaël Confiant, écrivain
Le créole prend sa place progressivement
Au fil du temps, un nombre de plus en plus important finira par se mettre à l’écriture et à la lecture faciles en créole. Certains services publics en prennent déjà le chemin, à l’image de la CTM. Initiés par la gouvernance d’Alfred Marie-Jeanne, les efforts sont poursuivis par la gouvernance de Serge Letchimy pour sensibiliser le personnel de l’institution à l’usage courant du créole.
Un plan de formation a été lancé avec le Centre national de la fonction publique territoriale pour mieux accueillir le public dans les sites culturels et les services médico-sociaux de la collectivité et pour parfaire l’écriture des documents officiels.
En la matière, tout est affaire de temps. "La patience vient à bout de tout" dit le proverbe français. En créole : "Epi pasians, ou ka wè tété fonmi".