Les départements et collectivités d'outre-mer présentent des situations variées à l'approche des municipales mais présentent un même attachement à ce scrutin local, qui revêt une importance particulière du fait de leur éloignement de la métropole.

 La municipalité : maillon de base de la démocratie

Les municipales sont souvent qualifiées "d'élection reine" dans ces territoires où les villes sont essentiellement de taille moyenne. Le scrutin y a une résonance très locale et pèse sur les rapports de forces locaux.
Le maire est outre-mer le principal élu, ce qui explique la forte participation: en 2008, le taux de participation n'est pas descendu en dessous de 60% et s'est envolé au dessus de 70%. Cinq territoires étaient au dessus de la moyenne nationale (65,2%).

 L' ancrage local

Avec l'avènement du non-cumul des mandat, nombre de députés ou de responsables nationaux appelés à être souvent en métropole se présentent pour affirmer leur ancrage local. Certains ne cachent pas qu'ils préfereront leur mandat local en 2017, quand la loi s'appliquera.

GUADELOUPE: des (ex) ministres et des députés en campagne.

Le ministre des Outre-mer Victorin Lurel figure en 29e position sur la liste PS de Vieux-Habitants, sa commune natale de 7.617 habitants.
Son ennemie de toujours, l'ancienne ministre chiraquienne Lucette Michaux-Chevry, sollicite à 85 ans le renouvellement de son mandat à Basse-Terre, à la tête d'une liste où figure, en 3e position, sa fille Marie-Luce Penchard, prédécesseur de M. Lurel au ministère.
Les quatres députés guadeloupéens aussi mènent des listes: Hélène Vainqueur-Christophe (PS, suppéleante de M. Lurel), qui sollicite le renouvellement de son mandat de maire de Trois-Rivières en conduisant une liste, tout comme Gabrielle Louis-Carabin (app. PS) au Moule, Eric Jalton (PS) aux Abymes (60.000 hbts, plus grande ville de Guadeloupe), et Ary Chalus (RRDP) à Baie-Mahault.
L'ambition de la gauche est de gagner encore plus de terrain dans cette terre déjà ancrée à gauche.

MARTINIQUE: déjà tournée vers la collectivité unique de 2015.

L'enjeu principal sera pour le Parti Progressiste Martiniquais de conserver la mairie de Fort-de-France: le PPM, majoritaire à la Région (que préside le député Serge Letchimy) et au Département, va tenter au sein d'une alliance de conserver la mairie, héritage d’Aimé Césaire. M. Letchimy, un temps pressenti pour reprendre la mairie dont il fut l'édile de 2001 à 2010 se concentre finalement sur la future collectivité unique dont l'élection interveiendra en 2015.
Les municipales vont être un bon test pour mesurer le rapport de forces entre autonomistes (PPM) et les indépendantistes (MIM), adversaires historiques.

GUYANE: des duels gauche-gauche et un ancien ministre UMP en délicatesse avec la justice.

Dans la plupart des villes , les électeurs auront le choix entre diverses listes de gauche comme à Cayenne (50.000 hbts), où la maire sortante Marie-Laure Phinera-Horth se représente, ainsi qu'à Kourou ou Rémire-Motjoly.
A Matoury (30.000 hbts), le maire sortant, Jean-Pierre Roumillac, élu maire de Matoury sans discontinuer depuis 1989. Il se présente à la tête de son petit parti local.
Le plus ancien maire en exercice est Léon Bertrand (ancien ministre UMP), qui tient son siège depuis 1983 et peut se représneter grâce à l'appel qu'il a fait de sa condamnation pour corruption. D'autres affaires judiciaires lui sont pendantes. De plus, la liste PS a été invalidée en raison de la présence d'un candidat déjà inscrit sur celle de M. Bertrand.

LA REUNION: une grille de lecture plus classique.

Un des enjeux sera pour le PS de conserver Saint-Denis de la Réunion (145.000 hbts, 20e ville de France) où le maire sortant Gilbert Annette a réussi à présenter une liste d'union de gauche.La droite y part en ordre dispersé.
A Saint-Paul (100.000 hbts), l'ancien maire Joseph Sinimalé (Union de la droite) va tenter de reprendre lamairie à la député maire Huguette Bello (ex-PCR) qui a fait basculer la ville à gauche en 2008 pour la première fois de son histoire.
Saint-Pierre (80.000 hbts) devrait rester un fief UMP, tandis que la division de la droite au Tampon (75.000 hbts) permet au député PS Jean-Jacques Vlody d'y aller en oustsider.

NOUVELLE- CALEDONIE: Nouméa la mère des batailles.

Une page se tourne dans la capitale calédonienne, en raison du retrait de Jean Lèques (UMP) qui, à 82 ans, jette l'éponge après 28 ans de mandat.
La succession de ce gaulliste social se fait dans la discorde, illustrant les divisions de la droite non-indépendantiste. Dans cette ville historiquement conservatrice, huit candidats sont en lice dont trois à droite.
Les deux favoris sont Sonia Lagarde, député UDI et conseillère municipale d'opposition, et Gaël Yanno, investi par l'UMP et actuel premier adjoint au maire avec lequel il s'est brouillé en fin de mandat. Bien qu'ayant reçu le soutien du maire sortant, Gaby Briault (4éme adjoint), apparait comme le challenger.
Autre personnalité en lice, Marie-Claude Tjibaou, veuve du leader indépendatiste assassiné en 1989, mène une liste qui ne s'affiche pas indépendatiste mais "progressiste", soutenue par le Palika et le PS.

POLYNESIE FRANCAISE: le parti de Flosse favori

Gaston Flosse, président et sénateur multi-poursuivi, ne se présente pas, mais son parti autonomiste, le Tahoeraa Huiraatira (proche de l'UDI en France), devrait rafler une bonne partie des 48 communes, après avoir déjà acquis les 3 sièges de députés en 2012. Son ex-gendre et dauphin politique, Edouard Fritch, est candidat et favori pour reconquérir la mairie historique de Gaston Flosse, Pirae.
Pour Papeete, le maire sortant, ex-député UMP, Michel Buillard, est grand favori pour un 4ème mandat.
L'autre maire inamovible est la principale figure de l'opposition, l'ex-président indépendantiste Oscar Temaru, grand favori dans sa commune de Faa'a (presque 30.000 habitants) qu'il dirige depuis 1983.

SAINT-PIERRE ET MIQUELON: un scrutin sans suspense.

Deux listes de gauche s'affrontent pour Saint-Pierre (5.888 hbts) où la sénatrice-maire PS sortante Karine Claireaux devrait l'empporter. A Miquelon-Langlade, commune de 600 habitants, une seule liste est en lice.

MAYOTTE: Une liste FN dans ce département à forte immigration clandestine.

Ce jeune département à la population officielle de 212.000 habitants (dont la moitié de la population n'est pas majeure) présente 2.433 candidats sur 77 listes dans les 17 communes de l'île aux parfums.
Dans la commune de Mtsamboro (nord), où arrivent par bateaux de nombreux candidats clandestins à l'immigration en provenance de l'île comorienne d'Anjouan, une liste Bleu Marine (FN) s'est montée, avec une femme à sa tête.
 Agence France Presse : A.F.P.
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