52 minutes dans l’aventure des collégiens de M’tsamboro

52 minutes dans l’aventure des collégiens de M’tsamboro
Le film “514 Aventure” a été projeté le 3 juin à 10h au cinéma Alpajoe à Mamoudzou. Réalisé par 29 élèves de cinquième du collège de M'tsamboro, il prône la paix, le vivre ensemble et la solidarité. Les jeunes nous embarquent avec eux en dehors des mûrs de l’école, en pleine nature pour une aventure pleine de découvertes. 24 km de marche en 3 jours en passant par Mtsamboro, Dzoumogné et Mtsangamouji. Un travail exceptionnel qui a fait l’unanimité lors de la diffusion.

Après une année scolaire chaotique pour les élèves de Mayotte qui ont fait face à une violence accrue entre bandes rivales dans différents établissements, les professeurs et les élèves du collège de M’tsamboro ont voulu nous prouver le contraire. Pour eux, cohabiter ensemble sur l’île est essentiel mais surtout possible. Et c’est à travers “514 aventure” qu’ils nous l’ont prouvé. “Je suis un aventurier dans l’âme et j’ai voulu emmener les enfants à l'extérieur pour qu’ils vivent des choses extraordinaires”, déclare Pierre Basset, professeur d’EPS au collège de M’tsamboro. Durant 52 minutes, ils nous embarquent dans la nature et nous vivons avec eux, rire, joie, peur et persévérence.

La nature, une richesse inestimable

“Je suis un aventurier”, c’est comme ça qu’ils se décrivent. Mais, cette expérience est restée toutefois éducative puisque différentes activités étaient mises en place par le corps éducatif. L’objectif, apprendre mais cette fois hors des bancs de l’école.

“Je ressens une liberté infinie, je vois la mer et l’horizon”

Entre atelier de croquis pour dessiner la nature, plongée en mer, et la découverte de la retenue collinaire de Dzoumogné pour observer les oiseaux, les collégiens de cinquième ont pu développer leurs sens et exprimer tout ceci dans un journal de bord auquel on a pris part. “Je ressens une liberté infinie, je vois la mer et l’horizon, je sens le goût salé sur mes lèvres qui de base sont complètement sèche”, c’est ce que certains élèves du collèges de M’tsamboro ont écrit dans leur journal de bord depuis le sommet de l’îlot Choizil. Ils ont eu la chance de rencontrer Kassim Mohamed qui vit au cœur de la campagne depuis plusieurs années. Avec lui, ils ont appris à planter mais surtout comment vivre avec l’essentiel. “Moi, j’ai deux bassins d’eau et j’utilise des panneaux solaires pour la lumière...et pour manger, je récolte ce que j’ai planté...la richesse, c’est la nature”, explique Kassim Mohamed aux jeunes collégiens et aux professeurs. Un moment de connexion avec la nature qui n’a pas laissé les enfants indifférents.

Une paix durable entre jeunes de M’tsamboro et Dzoumogné

L’aventure n’a pas été de tout repos pour nos aventuriers. Ils se sont surpassés en parcourant 24 kilomètres de marche en 3 jours. De passage au collège de Dzoumogné, ils ont chanté la paix “Nous sommes les aventuriers, nous recherchons la paix dans le monde, on voulait juste de l’amitié et pas de violence entre nous”, il s’agit du premier couplet de l’hymne de “514 aventure” qui a conquis le directeur du collège de Dzoumogné. C’est avec grand plaisir et fierté que le responsable de cet établissement a signé “la charte de la paix” qui lui a été tendu par les collégiens de Mtsamboro. Un geste significatif pour ce chef d’établissement mais surtout une petite victoire.

514 Aventure au Festivale de Cannes

Emue aux larmes et touchée par la démarche des professeurs et des jeunes, Zouhouria Mouayade Ben, Vice Présidente du Conseil départemental de Mayotte a annoncé après la diffusion du film qu’elle compte entreprendre les démarches pour qu’il soit diffusé au Festival de Cannes l’an prochain “je vais mettre tout en oeuvre”, affirme elle devant l’ensemble des personne venu visionner le film. Une fierté qui s’est également faite ressentir auprès des jeunes. “C’est incroyable, ce n’est pas tout le monde qui a la chance de se voir en grand écran...je ne l’oublierai jamais”, clame Amina en classe de cinquième au lycée de M’tsamboro. Un film qui met en lumière la jeunesse mahoraise et montre qu'elle peut être vue autrement que dans la violence.