540 000 euros contrôlés sur les passagers du Maria-Galanta

Pour éviter les frais prélevés par les sociétés de transferts, de nombreux migrants préfèrent utiliser les canaux informels pour envoyer de l’argent au pays.
Un demi-million d’euros. C’est la somme totale que les passagers du Maria-Galanta transportaient vers les Comores ce matin. Une fois de plus la Préfecture et les Douanes ont réitéré l’opération de contrôle des fonds transférés de Mayotte vers les Comores.

540 000 euros transportés sur un seul bateau vers les Comores.

Une fois de plus les services de la Douane n’ont pas été déçus. Depuis la mise en place de ces contrôles de fonds sur les passagers du Maria-Galanta, ils constatent l’ampleur des sommes qui circulent vers le pays voisin. De l’argent en partie lié à l’économie informelle. Alors pour lutter contre ce phénomène les autorités multiplient les vérifications.

Ce matin à Dzaoudzi chaque passager doit dévoiler au centime près l’argent liquide qu’il transporte. Pas de limite fixée, mais certaines règles sont à respecter.

Contrôles à la douane Française - Mayotte

« La première, c’est lorsqu’on détient plus de 10.000 euros, il faut obligatoirement le déclarer aux services des douanes. Ensuite, quel que soit la somme qu’on détient, il faut prouver la légalité des fonds. Si la somme détenue n’est pas justifiée, si elle est en lien avec une activité illégale, la somme peut être saisie. Une amende peut être infligée. Dans les cas les plus grave, il y a des sanctions pénales qui peuvent être encourues par les personnes qui transportent les fonds. »

Benoit Pascal - Directeur régional des douanes de Mayotte

C’est ce qui est arrivé à ce passager. Impossible pour lui de prouver l’origine des 5000 euros en sa possession. Il a dû s'acquitter d'une amende de 750 euros, soit 15% de la somme totale transportée.

"J’ai voulu rendre service à un ami qui est à Anjouan…, il m’a dit de récupérer son colis, je ne savais pas au départ que c’était de l’argent… Et en arrivant ici j’ai été contrôlé et j'ai eu une amende. Mais je relativise, parce que j’ai pris dans son argent pour payer l’amende."

Un passager contrôlé.

Le « chikoa » illégal aux yeux des autorités

Face aux douaniers, un justificatif de retrait bancaire suffit. Mais beaucoup n’ont pas de compte en banque. Selon les autorités la plupart ne connaissent pas l’origine des sommes qu’ils ont sur eux. Et pour certains les fonds ne leur appartiennent même pas. Le directeur des douanes pointe du doigt certaines pratiques culturelles comme la tontine (chikoa). Pour lui, ces cotisations sont difficiles à justifier.

«Le Chikowa est une pratique qui n’est pas légale parce que quelque part ça s’apparente à l’exercice de la profession de banquier. On ne peut pas organiser ce genre de cotisation collective. Certes ce sont des pratiques culturellement bien ancrées à Mayotte mais qui dans les faits n’ont pas d’existence légale.»

Benoit Pascal - Directeur régional des douanes de Mayotte

Pour éviter les frais prélevés par les sociétés de transferts, de nombreux migrants préfèrent utiliser les canaux informels pour envoyer de l’argent au pays.

Protéger l’économie mahoraise

L’opération de la matinée a permis d’établir un nouveau record dans les sommes contrôlées.

« Ça rentre dans une logique globale qui tend à démontrer que nous avons ici à Mayotte, une économie informelle irrégulière qui fait concurrence à l’ensemble des entreprises qui elles respectent la loi et déclarent leurs impôts. Alors qu’un certain nombre de personnes viennent travailler ici, s’enrichissent et utilisent cet argent pour repartir dans un pays voisin proche. »

François-Xavier BIEUVILLE, Préfet de Mayotte

Le Préfet de Mayotte estime que « tout ce qui relève de l’économie informelle doit être sanctionné et doit faire l’objet d’un stop ». Les autorités comptent multiplier les opérations de ce genre pour limiter les transferts de fonds illégaux vers l’étranger.