Le préfet l'a encore affirmé, jeudi dernier, dans le journal de 19h. Cette déclaration est-elle avérée ? En partie, on vous explique pourquoi.
Ce n'est pas la première fois que Jean-François Colombet, préfet de Mayotte, démontre l'efficacité de la lutte contre l'immigration clandestine en donnant cette démonstration mathématique. C'était une nouvelle fois le cas, la semaine dernière, dans le journal de 19h.
Sa démonstration est justifiée si on précise qu'il s'agit uniquement des embarcations détectées par les moyens de lutte contre l'immigration clandestine. Sur 100 bateaux détectés, 73 ont été interceptés ou ont fait demi tour sur le second semestre de l'année 2020. Sur l'ensemble de l'année, le chiffre est de 67%. En 2019, il était de 54%. Les chiffres sont donc basés sur les embarcations détectées. Voilà pour la partie visible de l'iceberg. Pour la partie immergée, celle des kwassas qui ne sont pas détectés par les radars, il est impossible de connaître le chiffre réel.
Sur l'ensemble de l'année 2020, 703 kwassas kwassas ont été détectés
Cela a entraîné l'interpellation ou la dissuasion de 470 embarcations selon les chiffres officiels. Le reste des embarcations détectées, au nombre de 233, est passé entre les mailles du filet de la LIC pour beacher à Mayotte. En 2019, 761 kwassas avaient été repérés par les radars. Le chiffre est donc en baisse pour 2020. Cette diminution du nombre d'embarcations clandestines détectées s'explique, selon la préfecture, par la crise covid. Entre mars et juin 2020, "les tentatives de traversées clandestines ont été moins nombreuses que l'année précédente". A cette période, Mayotte était touchée par la première vague du coronavirus contrairement aux Comores, dont les ressortissants representent une grande majorité des candidats à l'immigration clandestine vers Mayotte.
Moins de kwassas-kwassas détectés en 2020 qu'en 2019, mais d'avantage de personnes interpellées sur la même période.
En 2019, l'interception en mer d'embarcations voulant rejoindre clandestinement Mayotte avait entrainé l'interpellation de 3842 personnes. En 2020, elles sont 3989 à avoir été interpellées, en mer, par les forces de l'ordre. Au bout de la chaîne de la lutte contre l'immigration clandestine, on retrouve le Centre de Rétention Administratif de Pamandzi. Aujourd'hui, le syndicat Alternative Police réclame d'avantages de moyens face à la surcharge de travail dénonçant " la politique du chiffre" mise en place par l'Etat. Et qui semble être celle du serpent qui se mord la queue. Selon le syndicat, certaines personnes expulsées, repartent avec d'importantes sommes d'argent liquide. Entre septembre et novembre 2020, Alternative Police annonce la somme de 200 000 euros. Un phénomène qui ne risque pas de freiner l'immigration clandestine vers Mayotte.