Une ambiance délétère, des plaintes pour discriminations raciales et harcèlement moral, c’est ce qui ressort de l’association qui compte 58 salariés.
Le 30 décembre 2022 dans un compte rendu d’une rencontre avec le bureau de l’association, on peut lire que le directeur de l’ACFAV a reçu deux plaintes pour discrimination raciale et deux autres pour harcèlement moral.
Parmi les quatre plaignants, une avoue être victime de harcèlement moral depuis plus de 5 mois. Elle a été embauchée en mai 2022 notamment par Sophiata Souffou, la présidente de l’ACFAV. Elle est nommée responsable de service. Il se trouve qu’elle est également la conjointe du directeur de l’ACFAV. "Depuis que sa femme est là, il n'y a que des cauchemars" dans l'association annonce Sophiata Souffou.
Des mails harcelants, un climat social sous tension
"Pour certains, au sein de la structure, son embauche est liée à sa situation personnelle et non à ses compétences professionnelles." C’est le propos tenu notamment par l’ancienne responsable de service Noémie G. Selon le compte rendu qu’on a pu lire, elle a envoyé "des mails harcelants au directeur, faisant passer des mensonges auprès du personnel et de partenaires."
Malgré son départ, le climat au sein du service "reste délétère". Un signalement par courrier est également fait par Séverine L.R le 7 décembre 2022. Selon elle, contrairement à la coutume de l’association, elle n’aura pas le droit à son pot d’accueil en tant que nouvelle responsable. "J’ai vécu cette étape d’intégration comme une exclusion" dit-elle alors que celle qu’elle remplace effectuera trois visites inopinées dans son service, malgré le fait qu’elle ne soit plus salariée de l’association. "À chaque passage, j’ai observé dans mon service, une atmosphère alourdie, un climat social sous tension."
Le directeur de la structure lui parle "de jalousie de trois salariés qui ont monté une coalition à l’ACFAV." Pourtant consultés à trois reprises, les salariés ont affirmé que la nouvelle directrice du parc pérenne était bienveillante et prévenante. C’est ce qu’on peut lire dans le compte rendu d’une réunion du service concerné : "Tous les autres salariés, en fait l’ensemble du service trouve que S.L-R est bienveillante."
"Elle n'est pas encore arrivée l'autre sorcière ?"
Malgré cela, la situation empire en novembre 2022, Sophiata Souffou envoie "des mails désagréables avec plein d’incompétences et de mensonges" demandant notamment le départ de la cheffe de service, regrettant de l’avoir embauchée six mois plus tôt : "avec un peu de recul, je reconnais mon erreur et je reviens sur ma décision".
Pour Etienne A., "la présidente se rend alors complice du harcèlement, incitant à monter une pétition contre cette dernière, un autre collègue et moi-même." Une version contestée par Sophiata Souffou, " Il voulait des personnes sous son joug pour lui lécher les bottes. Ces trois plaintes, ce sont des clans du directeur qui faisaient pression sur les salariés de l’ACFAV, manque de pot moi j’étais attentive pour trouver des solutions en menant notamment une enquête en interne. Il voulait être à la fois le directeur et le président."
Du racisme entre salariés de l'ACFAV
Toujours dans le même service, un salarié écrit au directeur de l’ACFAV le 8 décembre 2022, il se dit victime de harcèlement moral et de racisme. "il semble que mes origines africaines ne soient pas du goût de certains de mes collègues qui s'appliquent à me nuire et à vouloir créer des problèmes là où il n'y en a pas." Une nouvelle fois, le salarié parle "d’ambiance délétère" cette fois orchestrée par Malika B. conseillère conjugale et familiale "qui tient des propos injurieux, dévalorisants envers notre responsable de service." Il prend notamment un exemple après le retour de quatre jours d’absence de sa supérieure, Madame Séverine L-R : "Elle n'est pas encore arrivée l'autre sorcière ?"
Un autre mail du même type est cette fois envoyé par une autre salariée le 26 décembre 2022 pour "faire part des propos discriminatoires que j'ai subie au sein de l’ACFAV". Dans son mail, cette salariée présente son mal-être au sein de l’association "on me reproche de ne pas parler "Mahorais" et de m'exprimer dans une autre langue et on me décrit comme une personne incivilisée" citant notamment des propos qui lui ont été adressés "cette association recrute que les étrangers" ou "je n'aime pas me mélanger avec les étrangers".
Le directeur et la responsable de service licenciés pour faute grave
La quatrième plainte vise le directeur, Etienne A. Elle a été transmise au Procureur de la République qui l'a classée sans suite en mai 2022 pour harcèlement moral sur l'ancienne directrice par intérim "qui n'avait pas fait le deuil de sa fonction."
Madame Séverine L-R a été arrêtée par un psychiatre en mars 2023. Étienne A., lui, a été mis à pied le 17 mars 2023. Ils se sont vus notifier leur licenciement pour faute grave au début du mois de mai. "Je ne sais même pas comment il va rentrer chez lui, parce que même l'argent pour prendre l'avion... Je rigole" conclut Sophiata Souffou.