Des cadis pleins, comme ils ne l’ont plus été depuis le cyclone Chido. Dans les supermarchés de la commune de Mamoudzou, les clients commencent à retrouver un peu d’espoir avec le retour des stocks habituels dans les rayons. Un phénomène qui ne s'est pas encore répandu au reste de l'île car certaines communes manquent encore cruellement de produits.
Du changement dans l'air...
A quelques jours de l'Aïd, les clients sortant du Carrefour de Majicavo ont le sourire aux lèvres. "La viande surtout ça commence à revenir mais la semaine dernière c’était pas ça (...) Quand je vais au magasin, depuis quelques jours, j’ai ce qu’il me faut donc ça va."
Ce père de famille reconnaît que tout rentre peu à peu dans l'ordre malgré quelques petits détails à ajuster, "Maintenant y’a les palettes d’eau, y’a pas de bousculade comme avant, ça s’améliore énormément ! Les oeufs c’est encore un peu compliqué mais les autres rayons sont de plus en plus remplis. Mais tout ça, seulement à Mamoudzou en fait".
Les supermarchés et les transporteurs ne font plus qu'un
Cet approvisionnement s’explique à tous les niveaux de la chaîne de distribution, à commencer par les supermarchés eux-mêmes. Au coeur des critiques depuis le passage du cyclone, les grandes et petites surfaces ont tenté de s'approvisionner tant bien que mal mais la situation était exceptionnelle.
"Après Chido, il y a eu beaucoup de nouvelles demandes inhabituelles, beaucoup de demandes du tissu associatif, ce qui n’était pas anticipé de la part des distributeurs sur l’île et qui a certainement engendré les ruptures qu’on a pu rencontrer un peu partout, quelque soient les enseignes d’ailleurs", explique le directeur du réseau Somaco, Christophe Couderc.
Pour approvisionner la vingtaine de supérettes qu’ils détiennent sur l’île, cette enseigne compte sur leur flotte personnelle composée de 10 camions. Mais depuis Chido, ils étaient soumis à plusieurs aléas qui ralentissaient leurs trajets.
"Y’avait des machines au port qui étaient en panne à cause de Chido. Mais par contre, les embouteillages à Mayotte tout le monde connaît ça et c’est compliqué, on a du mal à circuler normalement en fait", décrit Abacar Abdallah, conducteur de véhicules pour la chaîne de magasins Somaco. "Moi je peux faire 2 rotations maximum par jour mais du coup c’est pas suffisant pour le bon fonctionnement du marché."
Dérogation spéciale pour le port de Longoni
Pour faciliter la route des transitaires, la préfecture de Mayotte leur a accordé une dérogation : depuis le 28 février dernier, ils sont autorisés à circuler le dimanche, seul jour de la semaine où les routes mahoraises sont décongestionnées.
Du côté du port, les machines ont été réparées et la cadence s’est accélérée, permettant à plus de conteneurs de sortir chaque jour.
Ida Nel, présidente du port de Longoni, maintient que cette cadence est respectée depuis plusieurs semaines de leur côté, "163 conteneurs qui sont sortis vendredi dernier c’est énorme, ce dimanche on en a sorti 68 et le dimanche avant 87, ça fait ça de plus chaque dimanche. En temps normal, avant Chido c’était calme, c’était 60 conteneurs, ça veut dire 60 conteneurs pleins qui partent de Mamoudzou et 60 qui doivent revenir"
Elle reconnaît qu'un embouteillage de conteneurs a bien eu lieu après Chido mais que l'île arrive à bout de ce blocage. "À l’avenir, ce sera nécessaire qu'ils roulent plus longtemps, il n'y a pas d'autoroute, on roule lentement ici. Tant qu'on n'aura pas amélioré les livraisons des conteneurs par barges, des dérogations seront nécessaires pour les transitaires."
L’ensemble de la chaîne de distribution alimentaire semble se dérouiller. Une aubaine pour les consommateurs, à quelques jours de la grande fête de fin du ramadan. L’Aïd el fitr.